Gérard dit de Nerval
Poète dix-sonnant
Cétacé jurassique
Dans les rues de Lutèce
Tenait par une laisse
Son homard Gabriel
Un homard fort civil
De par sa verte armure
Et ils allaient à pinces
Vers l’absinthe du coin
Gabriel homarique
Lapait quelque ruisseau
Et se prenait les pattes
Dans les grilles d’égout
Mais Nerval impavide
Allait en frissonnant
Vers l’endroit où l’on vide
La fée verte en guindals
Ils prirent en chemin
Leur ami Théophile
Un lyrique égaré
Dans la ruelle étroite
Et Janette au bistrot
Faisait sa délicate
Pour servir Gabriel
En eau salée verdâtre
Celui-ci enivré
Plongeait à bec perdu
Dans la cuvette bleue
Au retour vers la turne
Le porteur de cothurnes
Le prenait dans ses bras
Lui chantant des répons
Piqués au grand Salus
Un coquin de fripon
Et dans leur galetas
vivaient des acarines
Egarée dans les draps
Vivotèrent ainsi
Libres et inconscients
Jusqu’à la pendaison
Gabriel se noya
dans la mer des Sarcasmes
des poètes sagaces .
30 mai 19
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