vendredi 4 décembre 2020

Les dormeuses

Elles chantent tout bleu
Au bord du petit lac
Quand la brise dorée efface
Les petits poèmes de fleurs
Sans bruit et sans espace
Comme un bébé qui dort
Dans le continent du silence
Là où je vis sous l’océan
Sous la poussière des années
Dans le noir bienfaisant
Je ne remonte que la nuit
Pour remettre la lune en place
Et je replonge en mes abysses
Où je jette mon encre
Quelques feuillent s’envolent
De mon livre secret
Sur la table s’évasent
Mes dormeuses-bleuets
Mes fleurs de dissidence
En conférence dans un verre
Elles parlent de toi
Comme je parle d’elles
En silence .
 
Marine 12 mars 2020

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Le présent texte est protégé au titre des dispositions du Code français de la propriété intellectuelle, notamment de l'article L112-1 dudit Code. Toute violation des droits qui en découlent est susceptible de faire l'objet de poursuites.

La boussole

Les rémoras nous ubérisent
Et le plancton me macronise
Et les marées me délunisent
Je suis toute débousseulée
Je suis driver dessous les ondes
Je suis blobfish dans les abysses
Je réoriente les migrants
Les aleptise aux bas-fonds
Les ichtyonise en poison
Les véganise en alguorythmes
Afin de tromper les espions
Voilà pourquoi le comment est si chose
Et que la marinette est folle .
 
 
9 mars 2020
AdA

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Violeta

Je vous présente ma poupée
Venue d’Amazonie
Sous les palétuviers
Je la porte en mon sein
Depuis toujours déchiré
Elle se nomme Violeta
Elle est de coton et d’amour
Elle voyage à l’impromptu
Sur une route de misère
Je prépare sa bercelonnette
Rose et violette
Je lui chanterai les berceuses
Du monde entier
Car j’ai tant bercé de poupées
Perdues et et retrouvées
Des poupées sans bras et sans mains
Des poupées noires et brillantes
J’accueille toutes les couleurs
Puis elles vont de par le monde
Chanter ce qu’elles ont appris
Je les vêts de mes armoiries
De mes bonnets et mes écharpes
Je les nourris de poésie
De musique de larmes
Ce sont des poupées de chiffon
Des chiffonnettes des bonbons
Elles passent et puis s’en vont
C’est la vie c’est la solitude
Parfois je retrouve leur mot
Quelque part dans ma cataracte
Un mot de vie un mot de mort
Et de merci
Elles racontent que leur mère
Fait pleurer et chanter les pierres
Adieu mes filles d’espérance
Adieu mes filles sans retour
Je suis là
Je ne bouge pas
Je garde la maison pour vous .
 
8 mars 2020
Jour de la femme

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Je ne parle de rien

 Je suis la banalité

Alitée dans un camion
Plein de verbes et d’herbes vertes
Comme un lapin
et cela ne me réjouit pas
Car je veux toujours être ailleurs
Là où on meurt sans moi
Où je tiens une main
Où mon odeur de mère
Laiteuse et effacée
Tient dans ses bras
Un vieux bébé
Alors j’écris sur rien
Dans la dépense vide
Qui n’a plus de vivres
Qui n’a plus de vies
Seulement des livres
Silencieux et doux
Je n’ai pas le courage
d’affronter le désert
Collée dans le mirage
De ce qui fut hier
A l’autre bout du fil
Il me rassure
 je m’en occuperai
et il coupe le lien
va voir si cette salle vaste est bien
une salle de profs
ou la banque
et il demande à tous
et on lui dit que oui
tu sais comment c’est fait
oui bien sûr
va te reposer mon amour
moi je suis dans ta chambre
immobile au fauteuil
où je ne parle pas
alors tu téléphones
mais pourquoi ?
 
6 mars 2020

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Nouveau serpent nouvelle chanson

Il me dit : concentre-toi sur le meilleur
Abstraction des ombres et de la foudre imminente
J’ai les yeux grand ouverts cette fois
Le cœur brûlant d’amour et de sapience
Le ciel peut s’écrouler sur mon bonheur
J’en admirerai les décombres,
Resterai reine en mon royaume
Recouvert du lierre de vie éternelle
tu es la reine ma petite
reine du lierre qui s’accroche
de ses boules noires
comme tes yeux de perles
onyx le serpent est de verre
un orvet qui se casse
une exuvie laissée
tu es la reine ma petite
reine du lierre qui s’accroche
de ses boules noires
comme tes yeux de perles
onyx le serpent est de verre
un orvet qui se casse
une exuvie laissée
Un orvet qui mue l’inassouvi de ses humeurs
L’émotion nous traverse en fondu enchaîné
Connexion brutale et sensuellement déchaînée
Laissons-nous submerger, vague de chaleur !
dans l’herbe de la rivière
la couleuvrine jaune
s’enroule et s’enfuit
il fait chaud
j’ai le maillot vert en laine
j’essaie de nageoter
l’eau est si belle
mon frère a plongé du pont
il n’a peur de rien
son innocence me fait peur
et me rassure il a gagné
il a raison il a vécu
mais moi j’ai peur toujours
de tout
Se perdre à travers
Les herbes hautes
Imageant ce que je veux
Des mirages et des rêves
Le danger, la solitude
Guettant sous mes paupières
Peut-être devrais-je enfouir
Les jours qui me reviennent
Ce que je suis au fond
Et renaître au soleil
Complètement différente
Prête à plonger de tous les ponts
Avec des crocs bien acérés
Qui mordront avant de parler
Qui briseront le silence
En mille éclats bruyants
Que je puisse sentir vraiment
La sensation d’exister
oui tu peux c’est sûr
agir ne pas réagir
tu as du temps et même
ce n’est pas une question de temps
mais un état d’être au moment présent
mais l’inconscient nous joue des tours
et on se demande pourquoi après
ces répétitions ces états
les autres parfois le voient
peu mais certains le savent
Certains le savent
D’autres l’ont senti
Et d’autres encore n’ont rien demandé
Et ont tout pris
Parfois je me demande quel fil
Nous relie si ce n’est un jeu
De lumière et d’ombre
Je voudrais partager davantage
Mais
Mon île est déjà engloutie
Et invisible à vos yeux
Je suis l’ondine chagrine
De sa métamorphose
En poisson lune
J’ai froid
Le cœur est une viande qu’on réchauffe difficilement
Il est des ponts qu’il vaudrait mieux ne pas connaître
Elle est mignonne la petite salamandre
Elle m’a rappelé des choses
La camionnette servait à divers travaux
Collecte de la ferraille
Achat des sapins au moment de Noël
Ramassage du buis dans les bois pendant les Rameaux
Tiens ça sonne bien ça
Buis bois, bois buis, Dubois et Dupuis
Mes parents étaient drôles
Faut voir mes initiales
Je pense à eux aujourd’hui
Avec ma mère on se levait tôt
Pour être à 7 heures devant les saints lieux
Pour y vendre notre buis
Aux Dupont, aux Dupuis
Le père passait avec sa camionnette pour nous ravitailler
Vous vendez bien ?
Pas grave, je vais vous changer de place
Pendant une bonne quinzaine de jours
Ça rapportait de quoi manger
Des petits tuyaux de survie qui me sont restés
Je les aime, est-ce qu’ils me voient ?
Je ne l’espère pas
J’ai chaud
La main brûlante d’écrire
Je ne sais pas ce que m’ont transmis mes parents
J’ai aimé ces lignes sur le buis
ça me rappelle le houx de mon grand-père
C’est peut-être ça qui survit
Un coucher de soleil sous le grand sapin
Ses mains qui travaillaient le bois
Les pommes pourries éparpillées
Je n’ai pas assez aimé mais
J’espère qu’il a compris
C’est beau de le dire
Mais plus important de le montrer
Des pommes pourries éparpillées
Ou de grosses tranches de pain
Tartinées de graisse de cheval
L’amour se trouve dans un carré de chocolat
L’hiver surtout
Quand le garde-manger est compté
Et qu’il n’y a pas grand-chose
Oui d’amour et d’eau fraîche
Je n’ai pas peur de mourir
Mais de passer à côté de moi
Et de tout ce qui vit
Moi non plus
Je ne peux pas résister
Mais je sens mes douleurs
Y compris celles de ne plus pouvoir penser
Ou écrire
Ou de n’y parvenir
Qu’au prix d’efforts désespérés
C’est beau chez moi
Il n’y a pas de tapisserie
Mais des arbres et des oiseaux
Qui me disent t’es cuit cuit cuit
Moi je sens une force dans ces mots
Et j’entends les corbeaux
Qui me disent : crois, crois, crois
Vincent sentez-vous la chaleur humaine
Dans cette fenêtre où s’étendent nos linges ?
lullaby terrible figure de mes nuits
fantôme de Bob debout et muet
comme vous me cerclez vous deux
oui la folle qui travaille dans les bois
qui parle aux vaches et aux sapins c’est moi
mais là je ne suis plus dans la nature
je vais aller écrire
On ne peut embarquer personne
Dans la mort lente
La mort par atrophie sensorielle
Par torture intériorisée
On est seul dans la mort
Mais j’aime bien avoir trois têtes
Ça m’aide à réfléchir
Merci pour la chanson
Je devrais essayer le rouge à lèvres
Et le bleu aux rêves
Fermez vos fenêtres, rentrez vos draps
Il pleut des cordes en Alaska
On dormait tout petits
dans la bercelonnette en bois
Bercée du pied sous la chanson
patoise de choun choun béni
Oui je vois tout cela dans cette lullaby
La méchanceté des regards
Des hommes épaulards
Et un grand homme fin
Qui entend les oiseaux dans une pelleteuse
Et les yeux bleus et la petite fille
Qui veut devenir autrement
Et moi je suis vous deux
Une petite velle rose aveugle qui parle
A un canard boiteux perdu et qui se cache
Sous les moqueurs
Un petit chien qui cherche une mère à suivre
Et suit toutes les mères disponibles aux grands bras
Et la petite a rappelé elle est encor perdue
Et moi je suis trop loin et elle a un enfant
Elle pleure encore maman
Oui ma fille pose-toi calme-toi
Seigneur où est la fin du monde ?
D’ailleurs j’imaginais Marinette mettre son rouge à lèvres
Elle doit être belle face au miroir
Inspirée de mots murmurés aux quatre coins
Et Vincent je l’imagine sourire quand personne ne regarde
Chacun son vice... je dépends mes esquisses
Tout est trempé, tant pis
La pique dans le coeur un peu remuante
On verra ça plus tard.
oui j’aime le rouge à lèvres
mais je suis toute blanche ma chérie
aujourd’hui je n’en ai pas mis
je dois reposer un moment
Oui tout, mais tout est trempé
Jusqu’à mon moulb si vous voulez savoir
Et le grillage est trop épais pour voir le ciel
Bientôt l’heure de mes seules et uniques paroles quotidiennes
La soupe ? Oui
Vous voulez du pain ? Oui, deux tranches
Le reste s’étiole et se meurt
Humain à part ça !
 
Je pleure quand personne ne regarde
On verra ça plus tard
Repose-toi bien Marinette
Il n’y a que ça de vrai : le repos...
 
Ombellune
Vincent
Marinette
5 mars 2020

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La petite velle

Une petite velle aveugle
Pousse ses cornes
Et la folle ne parle pas
Ils ont donné le chiot
Donc je ne l’aurai pas
Mais je sais où sont les saulaies
J’attends la mère
Le soir tombe
Elle rapporte la soupe
Et elle dit sois pas là
Elle se lave les pieds
Dans la bassine en zinc
Et moi je la regarde
Elle a les yeux si fous
Je vais prendre le train
Seule avec mon cartable
Les frères restent là
Au coin du feu tranquille
J’attends rien
Sauf que le monde pousse
Je ne veux pas parler
Je veux juste être là
Dans la guitare de Bob
Je vais venir te voir
Tu lèveras les bras
Et je prendrai ta main qui tremble
Tu dis tu es ma femme
Et je dis oui je suis ta femme
On boira du café
Je toucherai ta barbe
Pourquoi tu es partie
Dis-moi où tu habites
Alors je recommence
Une histoire inédite
Et en partant je pleure
Une larme coulis
Je pleure toute seule
Je veux te ramener
Pour mourir avec toi
Mais ils ne veulent pas
Alors je vieille seule
Comme un enfant perdu
J’ai fait tout ce chemin
Pour en arriver là
La nuit quand je me lève
Je vais voir si tu dors
Mais le lit est fermé
Alors je prends la boîte
De cachets bleus cachée .
4 mars 2020

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Dans les noues

Dans les noues des étangs incolores
J’avais noué la main
De Vincent Nicéphore
Celui qui me nounoie
Pour la première fois
Séphora Séphora
Puis je dormais matin
Sous les ides de mars
Avec mon blanc poudrin
Qui ne sert plus de rien
Et le cri de la tortorella
Comme un petit appel
Au secours au secours
Je coule je roule je bouboule
Alors je suis sortie dans le petit crachin
Elle disait je t’aime
A ce vieux tourtereau de grain
Ils font leur nid dessus mon store
Je le descends tous les matins
Et ils recommencent
Les migrants squatterins
J’ai donné du bon pain
Puis j’ai dit ça suffit
Alors ils sont partis derrière
Faire le nid
Dans le mûrier platain .
 
2 mars 2020

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Le cerf élaphe

Le petit faon du cerf élaphe
Est affamé
Hélas a dit la biche de Labiche
En feignant de flâner
Dans sa barbichette
Nous ne sommes pas chiches
Ni riches
Où sont nos forêts et nos friches
Dans ce pays de forces nées
Qui essartent et griffent
Toute la sainte journée
Dans les fourrés
Mon petit faon aura des faînes
Des feuilles fraîches et du lait
Et les femelles de famille
Feront le foin
Viens mon faonnou
Dans ma fourrure
D’écervelée
Allons réer
Raire braire traire
Allons rêver .
 
2 mars 2020

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Les joies du colibri

Ah enfin les voici
Les idées de ce mars
Dont on me parle tant
Depuis que je suis née
Je les attends en vain
Elles n’arrivent jamais
Dans un vol d’oies sauvages
Qui crayonne l’espace
Ni dans les fictionnaires
Qui annoncent toujours
L’inéluctable
Oui les idées de mars
A dit nostradamus
Mais ça je n’y crois pas
J’ai des idées géniales
Qui tournent en mon bocal
Muettes et rougeoyantes
A Toulouse ils ont dit
Les joies du copilote
Qui a sauvé l’avion
Et le cheval de trois
Qui a quatre sabots
Mais les idées de mars
Ah je sais des idées de martien
Peut-être
Des idées rouges ou vertes
Qu’on met dans les paquets
De lessive écolo
J’ai demandé à clio à renault
A Euterpe à Magritte
Rien
Alors j’aboie seule devant
Le jardin déserté
Du petit aboyeur
La Vivi est partie
C’était une idée noire .
 
1 mars 2020

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La pensée renversée

La pensée renversée
D’un petit millimètre
Un petit bâton vert
Sur le ciel du voisin
Quelque thuya touffu
Asséché de chagrin
Les sécantes cruelles
Qui déchirent l’espace
Laissez pousser les chiendents
Les boutons d’orgue
Les pâquerettes
Et laissez ouvrir l’air
Les poumons de planète
Ce n’est pas net
Etes-vous nette
Vous qui ne m’avez dit
La mort de Vivi
Votre infâme tracé
Entre deux univers
La lame de votre rase-mottes
Où est votre beauté
Dans ce petit paquet minable
Que vous cachez pour qu’on le voie
Comme un saint sacrement
Oui j’ouvre à tout venant
Ma porte
Et je crie au balcon
Entrez c’est tout vert
Et le petit livreur tout blanc
Monte comme un enfant
Et ose refuser une petite obole
Alors vous voyez l’ange
Qui sait où est le coeur
Et qui revient sans peur
Dans mon domaine étrange .
 
29 février 2020
Pour toi Vivi

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Le bal

Et le poudrin de grain de riz
Au parfum de Paris
Les souliers noirs vernis
Et la robe de danse
La pièce de cinq francs
Dans le creux du mouchoir
Parfumé de violette
C’est le jour de la fête
L’amant de la Saint Jean
Le tango des fauvettes
La java bleue
On va au bal à la grange du foin
Et les petits enfants
Assis contre le mur
Se réveillent soudain
Sous les longs jupons blancs
Qui attendent encor
Le dernier cavalier
De la première aurore
J’ai perdu ce jour-là
Le mouchoir parfumé
Qu’on met entre les seins
De la petite morte .
28 février 2020

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La chienne

Je suis comme une chienne
Qui cherche ses petits
Je rêvais d’eux ils sont passés
Je me lève et je tombe
Le nid de paille est vide
Ne me donnez pas de leçons
Personne ne sait ce que je vis
Ni ce que j’ai à faire
Ils sont revenus
Parce que j’ai tenu le non
Serré dans ma gorge
A en mourir
Jusqu’au bout
Et là respect
Je peux parler
Je peux donner et embrasser
On ne voit plus la tirelire
On voit la mamma morta
Celle qui n’a pas bougé
Celle qui a de l’or dans les mains
Alors on la regarde
On dit merci et on se tait
Hamdullah dit le petit
Il veut rester dans mon carton
Comme le petit chiot
Oui emmayuva
Ce n’est pas une question
De pays
Montre la carte à ton petit
Qu’il voie où sont les extra-terrestres
A quelle porte on peut toquer
Sans pour cela être toctoc
Venir seulement
Venir voir la maman .
 
27 février 2020

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Les vacances

Je suis une indécise
Je reste dans le coin du préau
Comme un petit lapin
Pris dans les phares d’une auto
Tous les matins je vais
Voir si ma mère est là
Car la rivière n’est pas loin
J’ai essayé de prendre le bateau
En restant sur le pont du Doux
Qui avance quand je recule
Mais je veux pas que la maman
Fasse comme la mère
De la Marie-Jeanne
Qui est tombée dans le pistier
Et qui flotte les jupes en l’air
Comme un gros ballon noir
Je t’emmènerai dans le maillot vert
Oui celui des parisiennes
Tu marcheras dans l’eau
Pour tes jambes fatiguées
Je te donnerai la main si tu veux
N’y va pas toute seule
On mangera des mûres
Grosses et noires comme...
On s’assoira dans l’herbe à l’ombre
Non la couleuvre jaune est partie
Mets ton chapeau sinon
Tu vas saigner du nez
Regarde il n’y a pas de maison
Sur le chemin
J’irai attendre le papa
Qui revient par là
Il se lavera les pieds
On poussera sa mobylette
Et on remontera
Ça fait comme des vacances
Viens maman .
 
26 février 2020

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Dans la paille

Terrible d’être comme je suis
Assise dans les menthes fortes
J’aurais pu être belle
Si l’on m’avait aimée
Moi la verte crétine
En morceaux de tablier
Avec mon petit cri de salamandre
De plante taciturne
Comme les iris jaunes
Au bord des marécages
Le coeur comme un sac de cailloux
Eperdue de nénuphars en fleurs
Je suis morte mais je dis oui
Car je suis dans les eaux noires
De ce pays jambes pendantes
Coupez le gui coupez le houx
Coupez le cou
Je dors dans la caisse de la chienne
C’est une bonne mère et je suis un chiot
Elle me tient chaud
Dans la paille des mortes pailles
Sur l’éteule des champs perdus
Au vent noir des idées folles
Avec mes yeux de chicorée sauvage
Au fond de la classe dans mon tablier sale
Mais les cailloux fleurissent
Dans la poche des pauvres filles
Qui ne vont jamais au tableau
C’est un tableau de riche
Alors je me salamandrise
Et je crisse du fond de l’eau
Où vont les morts quand ils sont chauds .
 
26 février 2020

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Ce que je regarde chez les femmes

je ne connais pas de gonzesse je ne connais que des femmes qui paraît-il sont des êtres humains tout comme les hommes, espèce en voie de disparition
Donc je les emmène dans mon scanner et je vérifie la bonté l’honnêteté, la simplicité, la générosité en parlant
si l’animal m’agresse par son attitude je le mets hors de ma vue
je n’aime pas les masques l’avarice la jalousie et autres accessoires sociaux dont on abuse dans tous les domaines
donc je suis très exigeante en tant que responsable et garde peu d’espèces dans mon zoo personnel je suis trop sensible au magnétisme
d’ailleurs on me le rend bien en ne venant pas me voir :
-tu ne dis pas du mal des autres
- tu es trop silencieuse
-tu ne sors pas assez
-tu ne te maquilles pas
- tu es trop franche
- tu comprends trop vite ce qu’on cherche à cacher
- tu intéresses plus que moi qui fais pourtant des efforts pour plaire
-tu ne sais pas faire le boeuf carottes
etc etc donc je te laisse
et moi : oui laisse-moi
c’est ainsi que j’ai perdu depuis un an ma super voisine qui se nourrissait amplement avec mes courses mais a refusé que je ne dise pas tout ce qui se passait dans le quartier
voilà en gros ce que je ne regarde pas chez les humanoïdes

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Mamie

Le long de la Souvigne
Au château de Soulage
Mamie vous êtes là
Dans votre maisonnette
Avec le chien avec le chat
Et je viens pour manger la tarte
Et boire le café
Et faire le courrier
Mamie on marche sous les peupliers
L’une derrière l’autre
On a laissé ouvert la porte
Avec ses carreaux tremblotants
On lira le journal
Pour les enterrements
Parfois vous me mettez au lit
Pour que je me repose
Mamie je suis là-bas
Au bout de l’autorose
J’attends la petite qui vient .
 
22 février 2020

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La femme longue

Parfois je suis au bord des mots
Comme au bord d’une tombe
Prête à chuter d’un bloc
Dans la brûleur des roses
Sur les murs effrités du tombeau
Des soleils où rampe quelque ver
Echappé de son corps
Un ver qui s’enveloppe
Qui s’étreint et raconte
Comment était la vie
Dans cet homme profond
Parfois je parle haut à celui
Qui au bout du chemin dit encor
Je suis là je reviens
Pourquoi es-tu partie
Je ne pars pas je reste
Je suis là à t’attendre
Et tu sais que les routes
D’ici ont peu de raison sûre
Pour nous conduire ailleurs
Je suis là je ne sors je ne pars
Je suis la femme longue
Qui a passé sa vie à attendre demain .                          21 février 2020


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Je lirai quelque part

Je lirai quelque part
Derrière le portail de l’outre-monde
Où tu tranvases l’eau du réel
Alors que tes pieds trempent
Dans la boue du soleil
 
Je lirai quelque part
Dans ce souffle d’eau tiède
Qui demande toujours si la vie
Est finie car elle est bien misère
Debout dans ce corps nu
 
Je lirai quelque part
Quand je viendrai te voir
En ce lieu mystérieux où rampe ta mémoire
Où nous ne pouvons plus nous toucher
La couche d’air ouaté étant si dérisoire
 
J’ai déjà lu tu sais
Tout ce que tu disais au long de notre histoire
Et qui encor te hante je le sais
Laisse parler ton innocence
Que je la voie par transparence
 
Allez la vie est faite
Ta main est déjà roide .                           21 février 2020


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Les sabots blancs de la matouze

Ils sont arrivés à pied mes sabots
Les sabots blancs pleins de fleurettes
Venus de Suède ils sont beaux j’adore
Je les mets avec des chaussettes grises
Ma robe de chambre en pilou
Mes cheveux gris et ma toussette
Et je me clopine je piète ça fait du bruit
Comme si quelqu’un venait entrez entrez
On va parler et boire du café
Asseyez-vous vois mes sabots tout neufs
Ils sont si beaux faut pas tomber
Pour descendre je les enlève
Je veux pas les salir je mets les pampouffes
Rouges de baba yaga au cas zou
Oui j’ai coupé le téléphone heureusement
Ils ont pas arrêté de sonner ça va pas
Si vous voulez de mes nouvelles venez
Maman je peux venir alors viens
Oui mais alors reste où tu es
Depuis quand on dit à sa mère j’ai pas de sous
J’ai pas de sous  pour venir avec ta voiture
Je te donnerai mon numéro ah bon non pas la peine
Garde-le va voir les heureux les familieux
Et reviens jamais quand on sera morts
Oui tu l’as dit on va mourir
Non pas de sous dans le coffin
I am coughing in my coffin
Quel âge tu as maman
Oh peu importe laisse
Je suis presque morte
Et toi tu es née quand
J’ai oublié .
 
Marine
19 février 2020

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La dévideuse

Elle dévide au nonchaloir
Les pelotons de douce laine
Pour une mère tricoteuse
Dans les gris dans les doigts
Dans les yeux noirs
Pleins d’inquiétude
Nature silencieuse
Vivante funébrieuse
Où la beauté est sans éclat
Des enfants accrochées
A leur vieux paletot
Se prennent entre bras
Pour effrayer la peur
La douce peur des anges
Quand descend sur le soir
Dans un sinistre orange
Une nuit désastreuse
Pleine d’enlèvements
De cassures d’outrages
De sueurs enfantines
Enfouies dessous les draps
Maman j’ai peur
Et la mère affolée
Allume la chandelle
Et fait chauffer du lait
Pour les petites mains
Gelées
Sur le banc se rendort
La nichée oublieuse
Qui tient entre ses bras
La vie malencontreuse .
 
Marine
16 février 2020


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Amaryllis

Il lui apporte une petite plante
Bizarre comme un phallus
Dans un pot arrosé
Et le voilà qui pousse
Très vite comme un vit
Un blanc un rouge elle ne sait
Elle le caresse et lui parle
Il te ressemble
La tige creuse est pleine d’eau
Et le huitième jour on vit
Un petit bout de langue rose
Entre les plis
Elle le titille et se réjouit
Elle adore voir pousser les choses
Et mourir et revenir
Le lendemain la bête éclate
Elle se déploie en trois morceaux
Mais aussi vite elle retombe
D’un coup
Elle coupe les fleurs pour en faire
Un bouquet rouge
Quant à l’énorme bulbe
Elle le met dehors
Pour voir .
11 février 2020

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Hé ! Je te parle !


- Tu semblais de n’aucune pudeur.
Tout était lors, d’occurrence amère,
Quelque flamme, un effet, la manière –
Et piquant comme un acupuncteur,
Actrice, au fond vrai de l’atanière.

- Je vois loin ! jusqu’au front de ton « je »
Cristallin, ce long piano sans queue
Où la grave grive rêve, et que
Vit, fée, une reine en une gueuse.

Et tu, brûlée, oujoïais encor ;
Et j’ai soufflé – Plus fort ! – ça braisoye !
Soufflons ! Soufflons ! - Danse !- Qu’un feu soye !
On aurait dit la forge de Thor !
Puis dans mon temple, Ô ma chère zouaille,

Viens te blottir, à l’abri des dieux,
Nous marcherons, à l’ombre des yeuses,
Dans la chênaie et les vénéneuses
Euphorbes laides, nous serons deux.


salus 1 décembre 2020

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mardi 1 décembre 2020

Transsibérien

Moscou
Iaroslav  Iaroslav  Iaroslav
Perm  Perm  Perm
Sverdlosk  Sverdlosk  Sverdlosk
Tioumen  Tioumen  Tioumen
Omsk  Omsk  Omsk
Novosibirsk  Novosibirsk
Atchinsk  Atchinsk  Atchinsk
Krasnoiarsk  Krasnoiarsk
Taichet  Taichet  Taichet
Irkoutsk
Sloudianka  Sloudianka
 
Oulan-Oudé  Oulan-Oudé
Tchita  Tchita  Tchita
Bielogorsk  Bielogorsk
Komsomolsk  Komsomolsk
Khabarovsk
Iman  Iman  Iman  Iman
Oussouriisk  Oussouriisk
 
Vladivostok !
 
28/1/85

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Honhommatopic

Ah ah ah ah
Euh euh euh euh
Icetea icetea icetea
Où où où où
 
Hep hep hep hep
Juste juste juste juste
Kwa kwa kwa kwa
Une une une une
 
Yes yes yes yes
Bisou bisou bisou bisou
Câlin câlin câlin câlin
Dingue dingue dingue dingue
 
Folle folle folle folle
Givrée givrée givrée givrée
Loin loin loin loin
Mi mi mi mi
 
Soi soi soi soi
Toc toc toc toc
Viol viol viol viol
Who who who who
Nuit nuit nuit nuit
Pluie pluie pluie pluie
Qui qui qui qui
Rien rien rien rien
 
X ex ex ex ex
Zut zut zut zut
 
Marine
6 février 2020

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Petit oiseau

Je vous aime petit oiseau
Petite branche d’espinglette
Qui roucoule ou qui tempête
Coeur en boule et doigts graineux
Qui ne sait plus où sont sa tête
Ni son devoir ni son amour
Ni ses yeux
Qui veut tout à la fois
Parler écrire ou embrasser
Flétrir et donner à voir
Et à cacher dans les roseaux
Du désespoir
Que vous soyez clair ou haineux
Absent présent en quelque endroit
Je vois vos messages peureux
Affleurer au bord du chapeau
Oui je vous veux
Sur mes mots sur mes entrefaites
Mes artefacts et tout le zeste
Laissez un peu votre orgueilleux
Vous êtes si beau quand vous dites
Que tu m’aimes et que tu me veux .
 
Marine 2 février 2020

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Tout est jaune

Amboise souvenir de la robe
Que tu m’offris au sortir du repos
Jaune et noire
Très belle
Rouen souvenir du pull jaune
Que je choisis pour cacher
Ma nouvelle torture
Très beau
Yolet souvenir d’un ensemble
Orangé après l’obscure
Dépression
Très beau
Brive souvenir du bouquet
De soucis jaunes
Qui entra dans ma chambre avec toi
Soleil
Là je porte un pull jaune fané
Sans toi dans ma pauvre demeure
Un pull de souvenirs
Pour toi .
 
Marine 4 février 2020

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Je te hais

Vous n’êtes qu’un gueux
Un branle bas
Un hoche queue
Un démon de la dernière guerre
Va te cacher
Ferme tes yeux
Et ta bouche
Quand tu l’ouvres tu fais des creux
Dans la couche d’ozone bleue
Rentre en toi comme un escargot
Et va baver sur tes salades
Je n’aime pas vos médisances
Vos jalousies vos manies de vicieux
Tu ne regardes pas en face
Quand tu parles bouche fermée
On entend ce que tu saisonnes
Tu te crois une personne
Vous n’êtes qu’un pauvre déchet .
 
2 février 20

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L’oreille absolue

Je suis absolue de l’oreille
Qui entend ce qui n’est pas dit
Et referme toutes les portes
Sur les secrets de basse-fosse
Et les enterre en plein midi
Sous le soleil qui écrase les tombes
Dans leur parfum de chloroforme
Munie de ma lampe torchère
Je visite les couloirs d’ombre
D’une terre qui colle aux pieds
Avec mes ailes de colombre
Je survole les jardins morts
Des urnes encensueuses
Pleines des âmes poussiéreuses
De ceux qui nous ont engendrés
Et l’on entendra à minuit
Gémir des ondes de remords
Dans les cimetières enfouies
Le portail grince et les phalènes
Endormies sur le marbre gris
Tombent en cendres
Il est minuit .
 
Marine 2 février 2020

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La veste framboise

J’ai mis la veste framboise
Et le chapeau mélangé
Avec mon foulard violet
Mes birk blues
Et mon sourire Picasso
Je prends ma canne
Et mon smartpho
Et je vais faire quelques pas
36 a dit la montre connectée
Je me prends en photo en selfie ils ont dit
Moi je sais pas je suis belle et je suis contente
Le reste je m’en fous
Les oiseaux me disent cuckoo oui en anglais
Les voitures m’évitent
Je m’arrête un peu sous la pluie comme la bufflonne qui souffle
Ma veste outdoor influenza a deux fentes sur le côté
C’est chicos et puis ça se zippe de partout
Je gambille et je krille c’est chouette dit la mouette
De Tchekov
Puis je boitille dans mes baskettes mes sneacoeurs
Mais j’arrive pas à mettre les chaussettes de contestation
Je passe devant le JP qui dit tiens voilà la folle qui passe
Je t’emmm  pauvre con dégage pense ma tête bien fort
Et je passe solennette essoufflette jusqu’au figuier
Y a un poteau tout déglingué et un filet qui pend
Dis le gros tu pourrais pas nettoyer ça dis-je tout bas
A l’enfoiré qui m’a gueulé que je passe dans sa rue
Puis je reviens de l’autre côté le chien aboie je lui dis
Toi la ferme et je me stationne au milieu parce que
C’est le bois du JP qui l’ acheté un euro et veut le revendre
Les voitures s’arrêtent me causent  pour savoir moi je sais pas
Ousqu’elle habite la vivi elle a déménagé
Et je rentre sous mon balcon épuisette
J’enlève les framboises et les casquettes
Les boots et les lunettes
Je remonte à soufflette
Je bois je meurs j’ai peur
J’ai plein de robes vertes
Il fait 14°
A 20 degrés je les sors
Il faut bien qu’elles prennent l’herbe
Le docteur y m’a dit de marcher
Alors voilà !
 
Marinette le 31 janvier 2020 à 16 h

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Ensilage

Je mets le grand tablier bleu des fées
Avec ses grandes poches
Non le tablier est orange coton
Avec un mouchoir dans la poche
Sur un pull en morceaux
Plein des couleurs de la maison
Je n’ai pas choisi les torchons
Mais la petite coccinelle
Et les mésanges charbonnières
Qui m’attendent au balcon
Un homme est seul dans son ciel bleu
A répéter des noms que je connais
Des avant-moi des obsolète
« Pauvre Martin pauvre misère * 
Tu dois te faire une raison
Je ne fais plus la raisonnable
Il est saison de « morts à table »*
Pauvre muse concrète
Remisée dans le froid
Qui se gèle les pieds
Au milieu du beau verbe
Qui rampe dans les hautes herbes
De son talus verbeux
 Où l’on vient par hasard
Par intérêt ou sans mémoire
Elle passe sans  cesse
 De la vie au trépas
On l’aime on la cageole
Comme le geai de sa parole
On la déteste et on la tue
A la vôtre tchin tchin
Les muses ont dans les bras
Tant de gorges profondes
Où ruisselle un tombeau
De peurs et d’abandons
A force de se taire
Elles explosent en l’air
Dans la glace gelée
De vos bras occupés
A parcourir le monde
Vous savez bien
Que je n’existe pas .

28 janvier 2020
*Brassens  *Aragon

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Nul ne vient

Les escaliers surréalistes
Comme tout est chez moi
Le décor et le coeur
L’amour et la souffrance
La vie la solitude pleine
Tout est surréaliste à mourir
J’aurais besoin d’un coeur
D’un chat d’un amour
D’une amie d’une soeur
De quelque âme pensante
De quelque bras ouvert
D’un peu de tendresse
De lamaline opium
D’efferalgan bonheur
Tout tombe tout se casse
Nous avons perdu la souplesse
Nous avons perdu l’innocence
Au moindre choc dedans dehors
Nous nous affaissons de malheur
Nous sommes seuls tout nous délaisse
Même les objets quand la peur
l’hiver est dur pour les oiseaux
Les petits sur la branche accrochés
tiennent à peine le barreau
Et nul ne vient et nul n’appelle
Chacun s’enferme en sa douleur
Les poèmes sont des affaires
Qui touchent où il ne faut pas
Le petit tablier de princesse
Aux grandes poches de bonheur
Alain ne viendra pas il souffre
Il courage il a la rage
Il sort il monte et il descend
Qui va tomber
Qui va tenir
Où est le sol
Où est la rampe
Que je m’estampe
Je m’estrambille au bastingage
De mon bateau de pacotille
Je vogue seule en haute mer
En 40° rugissant
En vent de terre et pluie d’aurore
Je fais fi de tout bois
Et feu de toute larme
Je m’estrambote me pelotonne
Au coin caché de ma roulotte
Je me chaote je me dorlote
Je me convoque
Au tribunal des convoitises
Au marché noir des avarices
A l’emblème du frontispice
De mon manoir de basse liste
J’ai relevé le pont-levis
Dessus les douves de ristourne
Les ailes des hulottes tournent
Les passants passent
Et le temps roule
Je crois encore à quelque houle
Erreur ma chère
Tu t’es trompée de chemin noir
Comme toujours
Tu ne sais pas aller tout droit
Tu vois passer des girouettes
Et au lieu de suivre en lieu sûr
Les ordonnances tu pirouettes
Tu as trop de tout dans les mains
Dans le coeur et dans tout le reste
Au lieu de vieillir tu requinques
Tu ris de tes petits malheurs
Qui sont trop grands pour ton mouchoir
Et on te quitte et on te laisse
On te confond on te mélange
Mais tu vois clair dans les messages
Et tu renonces au clair obscur
Tu renoncules tu violettes
Tu violentes les espèces les fleurs les bêtes
Les hommes gris les femmes laides
Les marchands de menteries
Les nuiseurs de légende
Qui te regardent qui t’espionnent
Alors tu cannes tu titubes tu chantonnes
Et tu passes de l’autre côté
Du côté de la route basse
Tu parles au chat qui te regarde
A l’écureuil du bois violet
Et tu retournes à cloche torte
Vers ton destin de forteresse
Te réjouir d’une soupette
D’une musique d’un poème
Qu’on t’interdit c’est la loi bête
Qui rend egos les inégaux
Qui lamine l’esprit liquide
Qui use ton enthousiasme
Qui jalouse qui abuse
Alors tu plies tu pries tu pleures
Tu sais que nul n’a de coeur
Ni de place pour ceux qui
N’entrent pas dans le cadre
Il est six heures je suis lasse .
 
Marine 24 janvier 2020

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Les pieds bleus

Il avait planté ses pieds bleus
Sur la terre
Une terre de feu de solitaire
Comme une plante en pot
Artificielle
Il vivait 50 ans en arrière
Je répondis en étrangère
Et son bras reste froid
Et quand je dis adieu
Au mur de verre
Il est déjà ailleurs
Dans la sphère inconnue
Où végètent
Des morceaux de passé
Quand je reviens pourtant
Il tremble et il murmure
Où étais-tu passée
Je t’attends
J’étais dans mon présent
A charrier les reliefs
De nos repas d’antan
Les os de nos retraites
Et cet amour qui un jour
De juillet souviens-toi
Au lac de Vassivière
Le temps s’est arrêté .
 
Marine
24 janvier 2020

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J’ai sauvé un souci

Il avait froid il avait soif
Tout seul sur le balcon
Petit bouton fermé
Alors je l’ai rentré arrosé
Mis au chaud et matin
La fleur était déclose
Et l’odeur du souci
Est une douce chose
Depuis ce jour béni
Où tu entras dans l’hôpital
Avec ce bouquet de soleil
Dans les mains
J’ai tendu les bras
Un miracle
J’ai oublié les roses
Les orchidées
Toutes ces choses apprêtées
Tu venais du marché gelée
Avec le pot dans tes mains froides
Et depuis rien ne vaut un souci
Pour éclairer les choses .
 
Marine 22 janvier 2020

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Le pain perdu

Je veux du pain perdu
Cette douce affaire
De l’enfance
Où la mère n’a rien d’autre à donner
A ses enfants ravis
J’aime ces plats de pauvres
Mangés sur le banc des petits
Alignés sous la table
Je sors le lait
Il reste un oeuf un peu de beurre
Je chauffe la poêle
Horreur malédiction
Je n’ai jamais de pain
Chaque jour est sans pain
Blanc et chaud tendre
Personne n’a pensé
Que je manquais de pain
Quel cadeau
Donner du pain à un oiseau
Autrefois on apportait
A la grand-mère du café et du sucre
Du chocolat un paquet de gâteaux
Maintenant on appelle pour dire
Je ne peux pas venir
Maman je suis sans pain
Maman reviens
Je veux du pain perdu
Il est perdu ma fille
L’essentiel n’est pas là
Oui je mange sans pain
Comme faisaient les riches
Ce n’est pas un repas
C’est juste un peu de rien
Je veux du pain de pauvre
Je veux du pain de rien
Et le pain est perdu
Il est mort avant moi
Maman j’ai faim !
 
Marine
22 janvier 2020
Ça fait trente ans que tu es morte
Que je manque de pain .

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Ciel couché rouge mauve

Les couchers de soleil sont merveilleux chez moi
Il se couche toujours dans le bleu et le froid
A l’heure où je me lève du fauteuil de lecture
Dans l’orange violet et le sévère prune
Qui derrière les arbres fait une couverture
Alors je couvre aussi ma poupée
D’un foulard rouge enveloppée
Comme un petit bouddha dans une yourte
Au milieu du désert et du froid
Elle ne se blesse pas  elle passe
Elle ne bouge pas
Le chat veille sur elle
Et le couple des ours infiniment polaire
Et chaud et tendre
La maman tablier et le papa apôtre
Ma famille est rentrée
Je me vais de ce pas
Fermer toutes les portes
Entretenir le feu
Et déjà préparer le dormir
Celui du passage des ombres .
 
Marine  20 janvier 2020

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Les boudelaines

J’ai mis le tricot en morceaux
The voice très bien
Al est venu c’est moi qui bloque
Peut-être
Il fait froid
J’ai sauvé un souci
Il rit sur la table
Parle toi
Il ne peut pas
Je vois des fenêtres partout
Qui me regardent en dessous
Il a pas le moral bien sûr
Le petit facteur a remis son visage d’enfant
Tout rose quand je lui ai donné un gâteau
Mais que faire pour la petite
Si perdue et si fatiguée
Et qui court après ses bébés
Quelques morceaux de tricot
Maman
Une serviette de 60 ans
Elle a duré plus que le mariage
Je refais du linge
Juste pour personne
Elégance il a dit

Marine 19 janvier 2020

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Le caducée

Mon frère de douleur
De douceur
Vint un autre dimanche
Comme aux épiphanies
Où nous allions manger
Ensemble la galette
Dans le haut de sa tour
Il l’avait oubliée
Il revint
Le dimanche prochain
Un silence nous tint
Comme à notre habitude
Mais il était contraint
Alors je partis au fauteuil
Mettre de la musique
Abel Korzeniowski
Nocturnal animals
Un remuement soudain
Je me dis il me quitte
Je sortis au balcon
Il partait
Sur la table un vieux sac
Avec une galette
Sèche
Je l’émiai au balcon
Pour la mésange bleue
Penchée en balustrade
Il me restait la fève
Un S rouge sur un T
Un caduc caducée
De Morte Médecine .
 
Marine
15 janvier 2020

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Les êtres

Il y a des maisons sans amour
Sans fleurs et sans parfums
Des musées froids et gris
Comme les murs de la prison
Et puis il y a des gens
Qui ont des airs dans la voix
Des pâleurs de pervenche
Et des mains de farine
Comme la maîtresse
Qui aimait les enfants
Les poèmes et les dessins
Qui donnait de l’encre violette
Et des craies jaunes
Des cahiers neufs
Et des livres de bibliothèque
Elle tenait la maison
Pour les petits pinsons
Qui venaient se chauffer
A son poêle et à ses jupons .
 
Marine 16 janvier 2020


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Vente privée soldissimo

Mais qu’ai-je à faire de mon temps
Moi dont les épaules meurtries
Courbent sous le poids des années
Moi qui jadis fus une dame
De celles que chanta Villon
Portant des chapeaux à voilette
Et des pudeurs de violette
Certes si mon visage
A quelques traits fatigués
Souvenez-vous qu’à mon âge
Corneille dit
Vous ne vaudrez guère mieux
Marquis je balance l’ourlet
De ma robe damassée
Quand je rencontre Baudelaire
Qui étonné et craintif
Ouvre des yeux fugitifs
Sur l’aboli bibelot
Que me donna Mallarmé
Et dont l’inanité sonore
Fait plus de bruit que mon coeur
Qui bat la berlue quand j’ai peur
Prince à mes charmes ne touchez
D’un moindre mot offensant
Car les jeunes qui me séduisent
Sont rares beaux et altiers
Et de ce pas vais m’enquérir
Des aveux d’un vieux cocu fier .
 
Marine 15 janvier 2020
7h30


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Mon lit de pied

Mon lit de pied est en coton
Et ma sole a des cailloux
Quand je la pose sur le sol
Mais on avait pensé à tout
On m’a fait des sabots
de cheval facile
Qui peut ruer à contrefile
et le fer à cheval c’est bon
Mon lit de pied est en coton
J’avais rêvé de ces godasses
Quand j’étais pieds nus
Dans la glace
Elles arrivent à foison
Du fond des toisons de moutons
Je n’irai plus garder les vaches
Dedans les bottes du patron
Mon lit de pied
Au pied du lit
Est comme un nid
Pour les doigts de pied
Comme les gants sont
Des moumoutes à la main froide
On a trouvé mes gants perdus dans
La rue roide
J’ai quatre mains
Et quatre pieds
Me voilà bien rez de chaussée
Matelassée à contrepied
Je peux rester dans le cocon .
 
Marine 14 janvier 2020
Les pieds dans le lit de pied

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les envois de dieu suite

  Les envois de Dieu   https://www.cjoint.com/c/NDuiHdv1oi2 Oui heureusement je reçois des envois de mon Dieu A l’instant où je veux e...