mercredi 31 mai 2023

Veilhant

Une fois on est allées à Veilhant
Par le train rouge et jaune
On allait voir la mémé
Il neigeait dans les bois
7 km de la gare on avait froid
On donnait la main au papa
On était petits, la mémé avait des longs tabliers
Noirs et un chignon blanc
Sa maison c’est une chaumière
Il y avait Marius le tonton
J’avais froid dans le bois
C’est pas loin on arrive
On est entrés dans la maison
Il y avait du feu dans la cheminée
C’était la mère de mon père
Et Marius le demi frère
Je comprenais pas
Elle nous fit du café au lait de chèvre
Avec du beurre moi j’aime pas ça
J’étais petite la maman venait pas
J’ai mangé un peu ils parlaient patois
Mais je savais tout et je comprenais
J’avais froid il y avait de la neige
Tout était vieux et sombre
On devait repartir le soir
Mais on a pris le car pour la gare
Y avait la janette jojo et moi
J’étais toujours malade en voiture
Mais là ça va, la micheline est arrivée
Il y avait que nous ou presque
On est rentrés à la maison
Et la maman faisait la tête
Et posait des questions un bébé dans les bras
Moi j’avais rien à dire
J’aime pas les voyages
Les maisons des autres
J’ai rien vu rien dit
Je suis allée au lit en bas
Avec mon cartable
Demain on a école
Je me sens mieux
Je n’ai plus froid .

Marinette 29 mai 2023


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Le présent texte est protégé au titre des dispositions du Code français de la propriété intellectuelle, notamment de l'article L112-1 dudit Code. Toute violation des droits qui en découlent est susceptible de faire l'objet de poursuites.

Elle s’enclaustra

C’était la mode en ce temps-là
Et tout le monde s’enclaustrait
Moi je voulais plus voir personne
Alors j’enclaustrai le balcon
Et je plantai des fleurs dessus
Des fleurs en plastique bien sûr
C’était joli moi je m’en fous
J’ai mon petit jardin sur place
Je vois plus les voisins
Mais ça fait rien
Au contraire
Ils ne demandent rien
Tu vas bien
Kestufé ?
Jeférien !
Non mais va te promener
Laisse-moi j’aime personne
Vous êtes tous trop personnels
Moi j’aime ceux qui se dénotent
Du normal existessentiel
Et vous la bagnole le maquillage outré
De madame la vieille elles sont toutes blandes
Quelle horreur et les ongles rouges pointus
Comment font-elles le chiffon et le reste
Et les mecs les attendent au bistrot
Elle a acheté une robe de mille euros
Et pour moi une fois elle avait acheté un péta
A cinq euros sur le marché à un noir
Je l’ai lavée c’était un serpillou
Tu es vraiment une sale bête
Quatre noix elle m’a donné
De son grand sac et elle a bouffé les chouquettes
De moi les crevettes pour moi
Que j’ai payées pauvre chèvre
Le bon dieu te le rendra
Voilà l’autre elle a vu des tulipes à deux euros
Mais elle a pas voulu me les porter
Alors tais-toi femme de peu de foi
Je te donne tous mes habits mais toi
Ne viens plus ici tu me fais frire
Et tu attends le prince mais il ne viendra pas
Il est chez moi il n’aime pas les poêles à fuir
Il m’apporte du chocolat
Tu veux un homme à ton âge alors tu le cherches partout
Mais un homme ne se vend pas
Si tu lui avais plu il l’aurait su avant
Non tu n’auras pas d’enfant
Tu préfères compter les sous
Regarder ton terrain et ta baraque en béton fermés comme toi sans
fleurs sans amour et sans joie
Non ne reviens pas c’est pas la peine
J’aime pas les vieilles fontaines
Sèches comme des matelas de billets
Bon écoute évite-moi je pourrais devenir méchante
Non je n’ai pas besoin de toi
Laisse mes affaires pour les pauvres
Tu es trop moche dedans dehors
Tu es seule cela t’étonne ?
Moi je suis seule avec bonheur
Enfin je respire à mon heure
Je dors je bois de l’eau de vie
Je sais ce qui vaut son prix
Et je paie gratuitement.

Marine 29 mai 23


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L’orchis

Je voudrais une orchidée blanche
De celles dont les racines
Puisent dans l’eau l’air et le vent
Et se nourrissent en musique
Quand je les touche de mon œil

De celles qui s’ouvrent seules
Au petit signe de soleil
Et dont les racines dépassent
Vertes et blanches de partout
Celles qui crient si on les bouge

De celles qui sont solides
Comme un pauvre corps achevé
Mais se relèvent en cachette
Et font semblant de l’oublier

Je voudrais une orchidée blanche
Qui revivrait sur mon tombeau
De celles dont la tête penche
Comme mère sur un berceau.

Marine
4 mai 2013


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Désarçonnée

Et le cheval pleurait
Sous le bât de la honte
Le cri derrière la langue
J’écris mortelle extase
Sous un têteau de saules
Dans le refuge de l’absence
J’écris sur le banc d’âtre
De ma désaventure
Et l’eau-fortier me grave
Le sourire qui tient
Ma bouche close
Je suis une aparlante.

Marine
16 janvier 2013


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Blessure

Tendrement j’écris à la hache
Un panier de silences d’osier
En clairière de pauvreté
Avec mon râteau d’encre
Je pince les cordes de l’âme
Contre une muraille d’air frais
Fardé de l’invisible absence
Dieu fait une dépression obscure
Dans la résidence de l’âme
De sa blessure
Coule
Du silence.
Et ce silence blanc
Parfumé de jasmin
Ecarte encor les autres
Ceux dont la vie est faite
De sonnantes espèces
De cabriolets rouges
Avec des femmes blondes
Et des chiens lévriers
Elles ont rasé leurs soucis
Et mis des eyelashes longs comme tentacules
Et secouant la mèche de côté
Elles brûlent de plaire au plus beau de la terre
Celui qui n’aime que les hommes
Pour leur infinie ressemblance
Leur tendresse
L’horreur de ces gonzesses
Qui croient tenir le monde en laisse
En portant sur leurs fesses des jeans
De basse classe
Alors marchant sur leur trottoir
Et balançant leur sac imité de chez Dior
Elles rient bien fort et grassement
Comme leur rouge dégoulinant
Au bout des griffes de tigresse
le rouge sale et suant
qui éclate de rire devant un pauvre hère
à qui elles jouent les fières
en montrant leur culotte
achetée à bas prix contre une pichenette
du marlou de la rue
pauvres filles sans intérêt que leur derrière
remue fort
confondant les neurones avec leur soutien-gorge
où palpite sous le café
des émois d’étrange sordidité
lus dans les magazines féminins
une fois rentrées chez la mère en mâchant leur chewing-gum
qui fait des bulles elles se jettent sur la paillasse
où les rêves de principasse
coulent tout noirs sur leur poitrine
non j’ai pas faim moi
je vis en profondeur
dans la mer des sarcasmes
il m’a dit je t’aime et on a fait l’amour
dans les wc du parc
j’avais enlevé mes talons
c’était vraiment géant tu vois
il a des doigts de camionneur
demain il sera là tu sais derrière le sapin
avec du coca et un joint
je dis rien à ma mère
je lui pique son fric
elle fait des ménages
à la clinique du bocage
mon père il s’est barré au bled
voir ses douze autres femmes
et ses trente six gamins
moi chuis la parisienne
je me la coule douce en attendant
d’avoir du flouze pour devenir
madame untel.

Marine 30 mai 23


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dimanche 28 mai 2023

Cry me

Mets de l’eau dans ta colère
Les morts ne savent pas nager
Et on interne les poètes
Sur le seuil de la femme
Avec quelle eau laver ton absence
Je déborde de réminiscences
Je marche sur le bord de l’alphabet
A la lisière de l’obscur
Je cours derrière moi
Le soleil dans la poche
La chatte pleure son hiver
Les mères vivent à reculons
Un pied dans le brouillard.

Marine 17 juin 2017


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Le fond de robe

J’avais besoin d’un fond de robe
Le truc que l’on met dessous
Alors je pris ulla sur le web
Et je ne vis que des poitrines
Grosses pesantes moches
Pourquoi t’as qu’une poitrine
Disait la petite de ma sœur
Un fond de robe tu rigoles
C’est fini depuis l’an quarante
Un jupon ? mais tu es folle
Il faut montrer les cuisses grosses
Aujourd’hui repos en chemise
De coton
L’infirmière dit : oh qu’elle est belle
Je ne réponds .
En effet je mets les robes en chemises
Et vice versa et nul ne s’en aperçoit
Chemise ou robe, pull ou tricot
Blouse tablier, robe de maison
Truc de dimanche
On s’endimanche, on s’emmanche
Chez les ordonnés de l’eros
Au tableau on écrit la date et l’heure
Où on fera l’amour, mais ils sont fous
C’est un devoir, le jour de lessive
Jour d’école, jour d’engueulade
Jour d’amour, jour inutile
Jour tranquille seule et peinarde
Porte fermée, silence, pentecôte
Côte pentue 50 jours on fait la fête
On boit un coup, bouh bouh
Moi je rôde en chemise
Lessivant et cherchant en vain
une fraise ou une fleur
j’ai bossé toute la semaine
j’ai mis des claustras au balcon
il est six heures je vais manger
un gazpacho vert avec des pilules
contre monotonie, ennui et mort
des machins pour l’immunité
des voisins et demain le saint
esprit descendra sur ma tête
en langues de feu c’est écrit
oui oui il vient chez moi
tous les jours
hier il m’a apporté un pain au chocolat
demain je ferai une liste
je prends tout en plastique
c’est durable et écolo
je bois des sodas techniques
de l’eau de rose d’indigo
je marche en bas de restriction et en sabots
des clogs de crocs de couleur jaune
compensés en promo
je porte des snoods des sweats des smilies
des bagues de méditation
et je saute sur le balcon
avec les tourterelles en amour
puis je m’endors sur le relax feng shui
pendant que gronde le tonnerre
elle est pas belle la vie ?

marinette 28 mai 23


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Vengeance

Dans ma jeunesse puritaine
Je décidai de me venger
De l’homme
Alors je fis sacrifice de moi
Moult fois
Jeune et libre je pris acte
Et à chaque demande
Je disais oui
Mais c’est moi qui passais dessus
La violeuse
Jeune ou plus vieux étonnés
Je chevauchai vite fait
Et m’en allai en douce
Laissant le pauvre hurluberlu
Sans démonstration sans parole
Des inconnus de passage
Je ne dirai pas le nombre
Une fois et basta
Une cuillère pour papa
J’en humiliai des tombereaux
Que je laissais pantois sur leur virilité en berne
Quoi ? je me fis justice moi-même
Le beau le fier le sûr de soi
Tous les coqs de la ville
Parfois danger mais pfff
Je m’en foutais
Et je rentrais dansante sur ma féminitude
Comptant dans mon carnet
Les mâles effarés honteux défaits
Peut-être impuissants
Je rentrais en dansant
Ma laver me doucher
Et prier Dieu pour mon dû de justice
Ensuite je repris une vie affreusement
Normale où je passais pour la sainte nitouche
En riant en dedans devant les exploits exposés
Des autres
Non honte de quoi ,de punir ? de faire ma loi ?
Nul ne sut jamais rien sauf les éconduits
C’est moi qui décidais je n’avais plus huit ans
Ils n’étaient pas parents
Ainsi la vie fut belle, enfin je fus vengée
Et l’homme en général devint le pauvre type.

28 mai 23


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dimanche 21 mai 2023

Et le vert vint vers elle.

Quand elle eut bien pleuré dans son déshabillé
Elle pensa que tout est vanité et choisit
Sa robe verte repassée par lulu
Puis elle se maquilla léger d’un petit rouge à lèvres
Et d’un effleurement de blush sur les joues
Et le miroir lui renvoya l’image magnifique
De ce qu’elle fut toujours la plus belle du jour
Qui s’enroule la nuit dans de vrais cauchemars
alors elle chaussa ses lunettes antibleu
peigna ses cheveux blancs tout courts
Supprima la famille et les contacts si lourds
Prit la photo trompeuse de la grand-mère heureuse
Et l’envoya à ses enfants d’accueil
Les jeunes généreux qui ont encor dans l’œil
Le toucher de la main et le sens du parfum
Black opium se mit-elle et fit une photo
Qu’elle leur envoya courageusement
Finalement c’est vrai pour ses octante années
Elle était magnifique les rides étaient dedans
Comme les cicatrices d’une vie incroyable .
Les deux Vincent ada les deux Alain lulu
Puis enleva la robe et se remit au lit
Car le bonheur factice est épuisamment triste
Enfants écoutez bien la voix de votre aïeule
Qui ne criera jamais mais brûle à l’intérieur
Et dit leur vérité à ceux qui la méritent
Mayssa mon petit je te parle toujours et toi
Jocondément tu me suis du regard
Le sourire immuable sur mon chevet branlant
Peint et repeint de vert car il faut faire semblant
Toujours devant l’inique loi du bonheur sans histoire
Voilà je viens un peu reposer ma mémoire près de toi mon bébé et je
prie Dieu que tu viennes un jour
Me voir en vrai !

Marine 21 mai 23


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les envois de dieu suite

  Les envois de Dieu   https://www.cjoint.com/c/NDuiHdv1oi2 Oui heureusement je reçois des envois de mon Dieu A l’instant où je veux e...