dimanche 6 août 2023

Eucharistie

 Eucharistie .


Je me quitte en vacance
Je prends l’autoroute du ciel
Sur le bord je récolte deux réfugiés
Pouce levé qui crient maison !
Je leur dis de monter sur ma charrette
Et les ramène à la maison,
Ma cabane de bois qui jonche l’océan
Pleine de rien, vide de tout
Ils se nomment bob et alain
Je ne les connais pas ils ont changé d’habit
Ils ont gardé leur âme et un drap de coton
Et chacun fait son nid dans la cabane
Puis nous buvons le vin et nous mangeons le pain
Joie de l’eucharistie
Ils disent je suis mort
Oui je le vois bien mais votre âme est restée
Alors ici c’est la maison des goëlands perdus
Que je trouve matin sur l’étran désolé
Quand je vais ramasser quelque coquecigrue
Dans mon panier d’osier pour écrire à la terre
Ils ont laissé leur peau de vieil homme sécher
Comme leur exuvie rétrécie chagrinée
Une peau sans valeur et les voilà tout nus
Dans leur galapeya comme deux pèlerins
Qui recherchent leur foi
Moi j’ai posé ma vie inutile et brisée
Longue vie de malheurs au champ de coquelicots
En bas nul ne geint ni ne pleure
Notre absence invisible
Ici nous sommes libres comme sont les oiseaux
Légers purs seuls et heureux
Seigneur merci !

Marine 5 août 2023


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lundi 5 juin 2023

La tamponnée.

On allait à la saint Urbain
Faire des autos tampon
J’aimais pas ça mais en effet
Ça secouait bien le moral
On sait bien que le tamponneur
Nous invite à aller ailleurs
Mais j’avais toujours un chauffeur
Qui rentrait fort dans le moteur
Je prenais jamais le volant
Il m’aurait fallu des pédales
Plus souples et des coussins d’air
Alors ma bouche s’ouvrait grande
Et bloquait l’air avant le cri
Ensuite je sinusais sur la piste
La tête en feu les pieds en l’air
J’avais trop soif et les copains
M’emmenaient au bistrot du coin
On buvait de la limonade
Et je repartais à moto
La moto noire de Bernard
Que je tenais autour du torse
Il était content et gentil
On avait le même balcon
Dans la maison des pauvres
Il me disait que j’étais belle
Je l’ai revu avant sa mort
Ça c’est pas juste pour cet homme
Qui avait le cœur sur la main.

Marine 5 juin 23


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Petit cortège

Près du curé en robe mauve
Une poupée chante des psaumes
On lui a mis un vieux manteau
Et les chaussettes du frérot
Elle connaît tout ça par cœur
Et en latin ne vous déplaise
De profundis six feet under
Elle s’enfonce dans la glaise
Son frère est porteur pour 5 francs
Il a treize ans et tombe dans la tombe
Le crucifix lui tombe aussi
Une famille mortifère
Les copains du mort rient
Jeantou a mis à sa ceinture
Une nana à poil et rose
Ça la fout mal dit la petite
Après le père range la jument
Au bistrot et va trinquer
On a mordu le gros orteil
Du mort il a pas bronché
On ira recouvrir son corps
La mère sert le vin rougeaud
De la figure des paysans
Elle a changé de tablier
Les petits sont rangés sur le banc
Moi j’aime bien les enterrements
Je chante au fond je fais la quête
On me regarde admiratif
Cette petiote elle est pas bête
Le curé me donne 8 francs
c’est éternel je suis contente
je m’achèterai un cahier
et un stylo bleu pour demain .
en rédaction elle raconte
tout le monde croit qu’elle rigole
alors elle se met à pleurer
et dit au prof : c’est vrai
je fais ça et les mariages, les baptêmes
j’ai des dragées, on me regarde
le vieux curé est bien content.
Je suis première en rédaction
Ils disent que c’est le mort
Qui m’envoie sa bénédiction
Moi je sais que c’est le bon Dieu !
De profundis six feet under
Je fais ma tombe avec les dents.

Marinette
2 juin 23


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mercredi 31 mai 2023

Veilhant

Une fois on est allées à Veilhant
Par le train rouge et jaune
On allait voir la mémé
Il neigeait dans les bois
7 km de la gare on avait froid
On donnait la main au papa
On était petits, la mémé avait des longs tabliers
Noirs et un chignon blanc
Sa maison c’est une chaumière
Il y avait Marius le tonton
J’avais froid dans le bois
C’est pas loin on arrive
On est entrés dans la maison
Il y avait du feu dans la cheminée
C’était la mère de mon père
Et Marius le demi frère
Je comprenais pas
Elle nous fit du café au lait de chèvre
Avec du beurre moi j’aime pas ça
J’étais petite la maman venait pas
J’ai mangé un peu ils parlaient patois
Mais je savais tout et je comprenais
J’avais froid il y avait de la neige
Tout était vieux et sombre
On devait repartir le soir
Mais on a pris le car pour la gare
Y avait la janette jojo et moi
J’étais toujours malade en voiture
Mais là ça va, la micheline est arrivée
Il y avait que nous ou presque
On est rentrés à la maison
Et la maman faisait la tête
Et posait des questions un bébé dans les bras
Moi j’avais rien à dire
J’aime pas les voyages
Les maisons des autres
J’ai rien vu rien dit
Je suis allée au lit en bas
Avec mon cartable
Demain on a école
Je me sens mieux
Je n’ai plus froid .

Marinette 29 mai 2023


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Elle s’enclaustra

C’était la mode en ce temps-là
Et tout le monde s’enclaustrait
Moi je voulais plus voir personne
Alors j’enclaustrai le balcon
Et je plantai des fleurs dessus
Des fleurs en plastique bien sûr
C’était joli moi je m’en fous
J’ai mon petit jardin sur place
Je vois plus les voisins
Mais ça fait rien
Au contraire
Ils ne demandent rien
Tu vas bien
Kestufé ?
Jeférien !
Non mais va te promener
Laisse-moi j’aime personne
Vous êtes tous trop personnels
Moi j’aime ceux qui se dénotent
Du normal existessentiel
Et vous la bagnole le maquillage outré
De madame la vieille elles sont toutes blandes
Quelle horreur et les ongles rouges pointus
Comment font-elles le chiffon et le reste
Et les mecs les attendent au bistrot
Elle a acheté une robe de mille euros
Et pour moi une fois elle avait acheté un péta
A cinq euros sur le marché à un noir
Je l’ai lavée c’était un serpillou
Tu es vraiment une sale bête
Quatre noix elle m’a donné
De son grand sac et elle a bouffé les chouquettes
De moi les crevettes pour moi
Que j’ai payées pauvre chèvre
Le bon dieu te le rendra
Voilà l’autre elle a vu des tulipes à deux euros
Mais elle a pas voulu me les porter
Alors tais-toi femme de peu de foi
Je te donne tous mes habits mais toi
Ne viens plus ici tu me fais frire
Et tu attends le prince mais il ne viendra pas
Il est chez moi il n’aime pas les poêles à fuir
Il m’apporte du chocolat
Tu veux un homme à ton âge alors tu le cherches partout
Mais un homme ne se vend pas
Si tu lui avais plu il l’aurait su avant
Non tu n’auras pas d’enfant
Tu préfères compter les sous
Regarder ton terrain et ta baraque en béton fermés comme toi sans
fleurs sans amour et sans joie
Non ne reviens pas c’est pas la peine
J’aime pas les vieilles fontaines
Sèches comme des matelas de billets
Bon écoute évite-moi je pourrais devenir méchante
Non je n’ai pas besoin de toi
Laisse mes affaires pour les pauvres
Tu es trop moche dedans dehors
Tu es seule cela t’étonne ?
Moi je suis seule avec bonheur
Enfin je respire à mon heure
Je dors je bois de l’eau de vie
Je sais ce qui vaut son prix
Et je paie gratuitement.

Marine 29 mai 23


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L’orchis

Je voudrais une orchidée blanche
De celles dont les racines
Puisent dans l’eau l’air et le vent
Et se nourrissent en musique
Quand je les touche de mon œil

De celles qui s’ouvrent seules
Au petit signe de soleil
Et dont les racines dépassent
Vertes et blanches de partout
Celles qui crient si on les bouge

De celles qui sont solides
Comme un pauvre corps achevé
Mais se relèvent en cachette
Et font semblant de l’oublier

Je voudrais une orchidée blanche
Qui revivrait sur mon tombeau
De celles dont la tête penche
Comme mère sur un berceau.

Marine
4 mai 2013


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Désarçonnée

Et le cheval pleurait
Sous le bât de la honte
Le cri derrière la langue
J’écris mortelle extase
Sous un têteau de saules
Dans le refuge de l’absence
J’écris sur le banc d’âtre
De ma désaventure
Et l’eau-fortier me grave
Le sourire qui tient
Ma bouche close
Je suis une aparlante.

Marine
16 janvier 2013


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Blessure

Tendrement j’écris à la hache
Un panier de silences d’osier
En clairière de pauvreté
Avec mon râteau d’encre
Je pince les cordes de l’âme
Contre une muraille d’air frais
Fardé de l’invisible absence
Dieu fait une dépression obscure
Dans la résidence de l’âme
De sa blessure
Coule
Du silence.
Et ce silence blanc
Parfumé de jasmin
Ecarte encor les autres
Ceux dont la vie est faite
De sonnantes espèces
De cabriolets rouges
Avec des femmes blondes
Et des chiens lévriers
Elles ont rasé leurs soucis
Et mis des eyelashes longs comme tentacules
Et secouant la mèche de côté
Elles brûlent de plaire au plus beau de la terre
Celui qui n’aime que les hommes
Pour leur infinie ressemblance
Leur tendresse
L’horreur de ces gonzesses
Qui croient tenir le monde en laisse
En portant sur leurs fesses des jeans
De basse classe
Alors marchant sur leur trottoir
Et balançant leur sac imité de chez Dior
Elles rient bien fort et grassement
Comme leur rouge dégoulinant
Au bout des griffes de tigresse
le rouge sale et suant
qui éclate de rire devant un pauvre hère
à qui elles jouent les fières
en montrant leur culotte
achetée à bas prix contre une pichenette
du marlou de la rue
pauvres filles sans intérêt que leur derrière
remue fort
confondant les neurones avec leur soutien-gorge
où palpite sous le café
des émois d’étrange sordidité
lus dans les magazines féminins
une fois rentrées chez la mère en mâchant leur chewing-gum
qui fait des bulles elles se jettent sur la paillasse
où les rêves de principasse
coulent tout noirs sur leur poitrine
non j’ai pas faim moi
je vis en profondeur
dans la mer des sarcasmes
il m’a dit je t’aime et on a fait l’amour
dans les wc du parc
j’avais enlevé mes talons
c’était vraiment géant tu vois
il a des doigts de camionneur
demain il sera là tu sais derrière le sapin
avec du coca et un joint
je dis rien à ma mère
je lui pique son fric
elle fait des ménages
à la clinique du bocage
mon père il s’est barré au bled
voir ses douze autres femmes
et ses trente six gamins
moi chuis la parisienne
je me la coule douce en attendant
d’avoir du flouze pour devenir
madame untel.

Marine 30 mai 23


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dimanche 28 mai 2023

Cry me

Mets de l’eau dans ta colère
Les morts ne savent pas nager
Et on interne les poètes
Sur le seuil de la femme
Avec quelle eau laver ton absence
Je déborde de réminiscences
Je marche sur le bord de l’alphabet
A la lisière de l’obscur
Je cours derrière moi
Le soleil dans la poche
La chatte pleure son hiver
Les mères vivent à reculons
Un pied dans le brouillard.

Marine 17 juin 2017


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Le fond de robe

J’avais besoin d’un fond de robe
Le truc que l’on met dessous
Alors je pris ulla sur le web
Et je ne vis que des poitrines
Grosses pesantes moches
Pourquoi t’as qu’une poitrine
Disait la petite de ma sœur
Un fond de robe tu rigoles
C’est fini depuis l’an quarante
Un jupon ? mais tu es folle
Il faut montrer les cuisses grosses
Aujourd’hui repos en chemise
De coton
L’infirmière dit : oh qu’elle est belle
Je ne réponds .
En effet je mets les robes en chemises
Et vice versa et nul ne s’en aperçoit
Chemise ou robe, pull ou tricot
Blouse tablier, robe de maison
Truc de dimanche
On s’endimanche, on s’emmanche
Chez les ordonnés de l’eros
Au tableau on écrit la date et l’heure
Où on fera l’amour, mais ils sont fous
C’est un devoir, le jour de lessive
Jour d’école, jour d’engueulade
Jour d’amour, jour inutile
Jour tranquille seule et peinarde
Porte fermée, silence, pentecôte
Côte pentue 50 jours on fait la fête
On boit un coup, bouh bouh
Moi je rôde en chemise
Lessivant et cherchant en vain
une fraise ou une fleur
j’ai bossé toute la semaine
j’ai mis des claustras au balcon
il est six heures je vais manger
un gazpacho vert avec des pilules
contre monotonie, ennui et mort
des machins pour l’immunité
des voisins et demain le saint
esprit descendra sur ma tête
en langues de feu c’est écrit
oui oui il vient chez moi
tous les jours
hier il m’a apporté un pain au chocolat
demain je ferai une liste
je prends tout en plastique
c’est durable et écolo
je bois des sodas techniques
de l’eau de rose d’indigo
je marche en bas de restriction et en sabots
des clogs de crocs de couleur jaune
compensés en promo
je porte des snoods des sweats des smilies
des bagues de méditation
et je saute sur le balcon
avec les tourterelles en amour
puis je m’endors sur le relax feng shui
pendant que gronde le tonnerre
elle est pas belle la vie ?

marinette 28 mai 23


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Vengeance

Dans ma jeunesse puritaine
Je décidai de me venger
De l’homme
Alors je fis sacrifice de moi
Moult fois
Jeune et libre je pris acte
Et à chaque demande
Je disais oui
Mais c’est moi qui passais dessus
La violeuse
Jeune ou plus vieux étonnés
Je chevauchai vite fait
Et m’en allai en douce
Laissant le pauvre hurluberlu
Sans démonstration sans parole
Des inconnus de passage
Je ne dirai pas le nombre
Une fois et basta
Une cuillère pour papa
J’en humiliai des tombereaux
Que je laissais pantois sur leur virilité en berne
Quoi ? je me fis justice moi-même
Le beau le fier le sûr de soi
Tous les coqs de la ville
Parfois danger mais pfff
Je m’en foutais
Et je rentrais dansante sur ma féminitude
Comptant dans mon carnet
Les mâles effarés honteux défaits
Peut-être impuissants
Je rentrais en dansant
Ma laver me doucher
Et prier Dieu pour mon dû de justice
Ensuite je repris une vie affreusement
Normale où je passais pour la sainte nitouche
En riant en dedans devant les exploits exposés
Des autres
Non honte de quoi ,de punir ? de faire ma loi ?
Nul ne sut jamais rien sauf les éconduits
C’est moi qui décidais je n’avais plus huit ans
Ils n’étaient pas parents
Ainsi la vie fut belle, enfin je fus vengée
Et l’homme en général devint le pauvre type.

28 mai 23


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dimanche 21 mai 2023

Et le vert vint vers elle.

Quand elle eut bien pleuré dans son déshabillé
Elle pensa que tout est vanité et choisit
Sa robe verte repassée par lulu
Puis elle se maquilla léger d’un petit rouge à lèvres
Et d’un effleurement de blush sur les joues
Et le miroir lui renvoya l’image magnifique
De ce qu’elle fut toujours la plus belle du jour
Qui s’enroule la nuit dans de vrais cauchemars
alors elle chaussa ses lunettes antibleu
peigna ses cheveux blancs tout courts
Supprima la famille et les contacts si lourds
Prit la photo trompeuse de la grand-mère heureuse
Et l’envoya à ses enfants d’accueil
Les jeunes généreux qui ont encor dans l’œil
Le toucher de la main et le sens du parfum
Black opium se mit-elle et fit une photo
Qu’elle leur envoya courageusement
Finalement c’est vrai pour ses octante années
Elle était magnifique les rides étaient dedans
Comme les cicatrices d’une vie incroyable .
Les deux Vincent ada les deux Alain lulu
Puis enleva la robe et se remit au lit
Car le bonheur factice est épuisamment triste
Enfants écoutez bien la voix de votre aïeule
Qui ne criera jamais mais brûle à l’intérieur
Et dit leur vérité à ceux qui la méritent
Mayssa mon petit je te parle toujours et toi
Jocondément tu me suis du regard
Le sourire immuable sur mon chevet branlant
Peint et repeint de vert car il faut faire semblant
Toujours devant l’inique loi du bonheur sans histoire
Voilà je viens un peu reposer ma mémoire près de toi mon bébé et je
prie Dieu que tu viennes un jour
Me voir en vrai !

Marine 21 mai 23


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vendredi 13 janvier 2023

La cabine téléphonique

C’est la bulle-éphémère
Dans la foule-indiffère
Soudain on a l’angoisse
Il pleut
La pièce salvatrice
Regards zoologiques
La buée de vos yeux
Le chronomètre infâme
La corde ombilicale
Le temps de se reprendre
Se repairer
Se donner un rends-toi
Quelque part
Cabine de campagne
Radeau maufrage
Quelle latitude prendre
Mais d’abord

Qui pourrais-je appeler ?

22 février 85


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jeudi 12 janvier 2023

Jésus

Je suis une humble turbulence
Un urubu qui a la berlue
Je déguste le cœur des justes
Que je lacère à bec perdu
Barbu le gypaète hurle
Jaloux de moi
Comme il se doit
Fond sur ma croix et me larronne

Eli lamma sabachthani
Je suis Jésus comme ils ont dit
J’ai un trou rouge au côté droit
J’astigbaptise les larcins
Tous les bons droits des assassins
Qui m’ont lynché sur le chemin

Mais je m’en savonne les mains
A pierre ponce de pilastre
J’ai vu Moïse à l’Ararat
Fendre les eaux dans son couffin
Boire mon vin à la canaffe

Je reviendrai vers Madelon
Femme perdue dessous la lune
Femme que j’adore à l’amor .

Marine  22 août 2018


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As usual

Elle secoua ses ailes d’archange fatigué
La pensée déserteuse
Un sourire de voie lactée
Devant ce bonheur avalancheux
Qui la désintégrait
Dans ce creux doux où commence le cou
Elle déploya son chant magnétique
Autour d’elle comme une corolle
Seule sur le canapé flottant
Où poissonnaient les poissons
Dans l’attente pure
D’un étrange paquebot
Elle se décongolisa
Et le silure du temps la reprit
Dans une liberté de savane
Esclave sans papiers
Devant un soleil couchant catastrophe
Un océan stupide de gris
Dans une pelote de sanglots
Elle régla l’addition pour tous

As usual.

Marine
14 novembre 2013


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lundi 9 janvier 2023

Le jour des fleurs

Le jour des fleurs des fruits
Des papillons
Des cœurs
Le jour où les bibiches sont venues
Pleines de chansons
De couleurs
Où la maison fut
Vive et belle
Le jour bonheur
Violette clémentine
Abricot et Cécile
Et moi
Le jour des sœurs
Et de l’instant
Sans peur
Le jour d’amour.


Le 19 avril 2008-


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Yo quiero ser cochera

Yo quiero ser cochera
Pero los que van dentro

Je veux bien noyager
Mais pas à tous les vents
Je veux bien noyager
A l’ombre dans le van

Et quand j’arriverai
Trahie par mon destin
J’aurai enfin trouvé
Le sens de mon chemin

Alors je sortirai
De mon van chaoteux
Et lancerai hurlante
Ma saeta brûlante

Cette sirène aigüe
Qui creuse mon plexus
Dehors au soleil plein
Suivra la Vierge en pleurs

Je veux bien maufrager
Mais de mon intérieur
Dans les canaux obscurs
Obstrués par la peur

Nocher Charon cocher charron
Conduisez-moi
Au noyau des Enfers
Que je m’enflamme enfin !

Marine 5 avril 2011


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samedi 7 janvier 2023

9 juillet 84

Elle contacta le contactil
La voix à l’autre bout du fil
Était voilée de poésie
Elle mit son chapeau
Et partit dans sa Rolls
Il bloqua les rouages de son cœur
Et apporta sa légende
Au bord de la Bohême
Il la lui raconta
Les libellules avaient des idées d’ailes
Et pour remonter le chemin
Il lui tenait la main
A minuit précises il revint
Les mains tendues et les yeux à l’envers
Elle lui fit visiter le musée
A bord du couvent des oiseaux
Caravelle en naufrage
Ils écoutèrent passer le temps
En lisant
L’un faisait la lecture
Et l’autre l’écouture
Un soir d’orage
La bulle s’éleva
Puis des allers sans non-retour
Puis des retours qui s’en allaient
Le contactil orange susurrait
Des poèmes qui lui grignotaient l’oreille
Et suçotaient le sang
Traduis  traduis  disait le vent
Ecris écris chantait la voix
Aime-moi aime-moi
Elle voulait être apprivoisée
Mais il fallait prendre des gants
De jardinier des cœurs
Car elle avait aussi des épines

Il mit de l’huile sur la plaie
Et des vagues de lune
Sur les cils
Il avait des doigts au bout des mains
Et des mains au bout des bras
Elle lui mordit la vie
Pour qu’il ouvrît les bras
Et souffla sur les nuages
Qui naviguaient derrière
Le reflux les ramenait toujours
Jardins du presbytère
Robe de chambre
Chambre close
Musique musique
Des mots des maux
A vous empêcher de dormir
Par leur lourdeur sur vos paupières
Lourdeur de pierre
Pierre à feu
Fuyons fuyez
Sa pendule écorchée ne sonnait plus
Le balancier était cassé
Le redonneur de vie la remit en partance
Sur la mer des rencontres
Mais elle allait trop vite
Alors il l’arrêta avec un poids
C’était un poids de fonte
Léger comme la neige
Et riche d’espérances mortes
Un poids qui n’avait pas de nom
Ni de non  ni d’être
Ni non-être
Un poids sur la balance
Et le penchement était ailleurs
Le 20 juillet
Le radeau se posa sur une île
Capitaine Germain
La casquette à la main
Des sirènes de livres
Montent du sol
En fa dièse mineur
Des goélands voyeurs
Mirent par la lucarne
Des serpents voyageurs
Grimpent au fût des arbres
La poétesse tuée
S’accroche au bord des livres
Et au bout de tes lèvres
Et au fond de ton âme
Et l’eau salée de la survie
La refait respirer
Et le vin du ciboire
Sent le confessionnal
Yssandon
Chaise dans une église
Eglise autour de la chaise
Et glisse glisse
La chaise glisse
Le vitrail se renverse
Et le ciel devient noir
La porte grince
Le verrou est rouillé
Bénitier
Cierge
Cierge
Statue
Statue.


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Les frimas de l’Etre

Mais où sont les coulis d’antan
Qui descendent de nos vertèbres
Les frissons de l’Etre inhérent
Au feu qui chante sous notre âtre

Ni nu ni sort
Le Centre est sourd
Et sourd de l’Etre

Et comment irons-nous
A pied
Ensemble à contre temps
Et en plain jour
Lors que les chemins se défendent
Et les bornes font demi-tour

Que peut-on contre l’impossible
Quand tout crie je veux je voudrais
On reste couvert d’usnée
Comme un vieux tronc immarcescible.

Marine
6 mai 2013


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Incandécence

Je n’accepterai pas que la plaine insolande
S’outrefende profond sous vos soles ardentes
Comme les flots roulant dans le Meschacébé
Je veux lever mon Arche à l’autre bord du Moi
Où nous définerons pour trouver le Milieu
L’Ordre des étincelles  l’inévitable outrance
Le Feu ignimitant qui rutile en Orient
L’élan si retenu qui enserre nos flammes
Dans les cordes roidies des liaisons poétales
Doit s’érupter enfin en lave rubescente
Avant que de se rompre en hautbois arsiné
Le Vital étouffé qui rugit sous les brandes
Fait piétiner nos ombres de fantômes éteints

Pourquoi périr avant d’être en Incandescence ?

Marine
28 juin 2011


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lundi 2 janvier 2023

La bourgeoise

Mon père était couvreur
Et il fit la maison
Quand j’avais 14 ans
Je montais sur le toit
Et lui passais les tuiles
Et peignis les auvents
Puis je l’aidai aussi
A tuiler les clochers
Les châteaux
Je tutoyais le ciel
A construire les murs
De pierre sèche
A habiller les morts
Car il faisait tout au village

Je suis une bourgeoise.

5 novembre 2013


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dimanche 1 janvier 2023

Les évasions barbares

Je suis allée danser
Dans l’ombre de mon ombre
Lumières irisées
Et les ombres valsaient
Lentes et imprésentes
Les pieds rivés au cœur
Et les mains chancelantes
Comme c’est émouvant
De voir notre passé
Se risquer sur la piste
Avec ses belles robes
Sa tendresse innocente
Des messieurs humblement
Supplient les vieilles dames
De leur donner accord
Pour la dernière danse
De mourir ici bas
Entre leurs bras
En musique
Cérémonie priante
Et l’accorhédoniste
Joue comme un automate
Aux larmes de diamant
Dans la salle voûtée
Du château déchanté
Là je pèse mon âme
Qui vaut vingt et un grammes
Et mes pieds douloureux
Pensent à la java
Mortelle des pieds bleus.

Marine
4 juillet 2011


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Ah ah monsieur

Vous alliez m’écraser
Juste un pied sur mon cœur
Que me font vos discours
Vos manipulations
Et vos suiveurs
Je ne courbe la tête
Je passe mon chemin
Avec d’autres soucis
Que vous ne savez pas
Et vous vous acharnez
Sur la victime
Et courbez votre échine
Devant les haut-parleurs
Quelle fierté
Quel honneur
Auriez-vous des sujets
Plus humains
Poétiques
L’indifférence tue
La bêtise fait rire
Ou pleurer
Je suis si près du trou
Poussez encore un peu
Vous écrirez alors
Un hommage posthume
Plein de pitié
Que nenni
Vous m’avez déjà tuée
No comment 12/4/18


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