mercredi 31 mai 2023

Blessure

Tendrement j’écris à la hache
Un panier de silences d’osier
En clairière de pauvreté
Avec mon râteau d’encre
Je pince les cordes de l’âme
Contre une muraille d’air frais
Fardé de l’invisible absence
Dieu fait une dépression obscure
Dans la résidence de l’âme
De sa blessure
Coule
Du silence.
Et ce silence blanc
Parfumé de jasmin
Ecarte encor les autres
Ceux dont la vie est faite
De sonnantes espèces
De cabriolets rouges
Avec des femmes blondes
Et des chiens lévriers
Elles ont rasé leurs soucis
Et mis des eyelashes longs comme tentacules
Et secouant la mèche de côté
Elles brûlent de plaire au plus beau de la terre
Celui qui n’aime que les hommes
Pour leur infinie ressemblance
Leur tendresse
L’horreur de ces gonzesses
Qui croient tenir le monde en laisse
En portant sur leurs fesses des jeans
De basse classe
Alors marchant sur leur trottoir
Et balançant leur sac imité de chez Dior
Elles rient bien fort et grassement
Comme leur rouge dégoulinant
Au bout des griffes de tigresse
le rouge sale et suant
qui éclate de rire devant un pauvre hère
à qui elles jouent les fières
en montrant leur culotte
achetée à bas prix contre une pichenette
du marlou de la rue
pauvres filles sans intérêt que leur derrière
remue fort
confondant les neurones avec leur soutien-gorge
où palpite sous le café
des émois d’étrange sordidité
lus dans les magazines féminins
une fois rentrées chez la mère en mâchant leur chewing-gum
qui fait des bulles elles se jettent sur la paillasse
où les rêves de principasse
coulent tout noirs sur leur poitrine
non j’ai pas faim moi
je vis en profondeur
dans la mer des sarcasmes
il m’a dit je t’aime et on a fait l’amour
dans les wc du parc
j’avais enlevé mes talons
c’était vraiment géant tu vois
il a des doigts de camionneur
demain il sera là tu sais derrière le sapin
avec du coca et un joint
je dis rien à ma mère
je lui pique son fric
elle fait des ménages
à la clinique du bocage
mon père il s’est barré au bled
voir ses douze autres femmes
et ses trente six gamins
moi chuis la parisienne
je me la coule douce en attendant
d’avoir du flouze pour devenir
madame untel.

Marine 30 mai 23


__________

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1 commentaire:

  1. le début du poème fut écrit il y a longtemps, j'ai rajouté la suite peut-être aurais-je dû le laisser tout court tout beau: de sa blessure coule du silence le reste est sans intérêt pour personne mais explique peut-être ma vie.

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