mercredi 18 novembre 2020

Soumia

La mort est sans remède et que sont nos soucis en regard d’une enfant,
tuée par inadvertance comme une fleur qu’on écrase
 en reculant au jardin de l’enfance ?
C’était un jour de carnaval, de confettis, de fête,
et toi, sans le savoir, petite, tu te préparais à la fête, la grande fête, la dernière, pour toi et pour les tiens.
Fallait-il que ton désir de les ramener au pays fût si grand pour que ta mort,
au-delà de toutes les religions, en fût le prix ?
Les hommes étaient dehors, debout.
Les enfants jouaient dans l’escalier.
J’ai vu ta mère, Soumia, assise en rond avec les femmes,
le foulard sur la tête, le fatum dans les yeux,
 mais elle ne pleurait pas et c’est moi qui pleurais.
 Sa voix seule était blanche.
Elle a dit : « la petite elle est morte et c’est mon fils qui a fait ça . »
C’était un accident.
Touria est entrée, en robe de chambre, elle m’a embrassée
 et je t’ai revue, mon petit écureuil, à peine plus haute que le bureau,
 et ton petit œil noir me souriait.
Et je ne veux pas que tu sois morte au carnaval de Malemort,
 je ne peux pas.
On m’a dit « dans un sac », cette image me tue.
 
Toi, Soumia.
 
Mars 85

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