jeudi 12 novembre 2020

Exil

Perdu à Solitude en solitudes comme
De libertés se meurt un esclave affranchi
Que je voudrais encore exalter mon royaume
Dans ce livre entrouvert  angle d’un mur blanchi
 
Ailleurs ma calenture où se fixe l’audace
Fléché d’azur Ailleurs quelque règne indivis
Ailleurs ce chant fleuri d’immortelle fallace
Le vécu de ce rêve ou tel que je le vis :
 
Lors j’étais ce roi fou des rives Saloniques
Quand vous portiez l’empire aux yeux de mes splendeurs
Vous mes beautés ardant aux soleils ioniques
Vous mes pendus roidis bénissant leur pendeur
 
J’étais votre sorcier né d’obscures géhennes
Despote lumineux et maître de vos sorts
Sous des cieux ruisselants de larmes diluviennes
Où la fièvre des nues fondait comme un trésor
 
J’allais sacrifiant les baisers aux étoiles
Des femmes qui pleuraient sur les vifs et les morts
Que je mêlais d’amour nouveau Sardanapale
Comme le sang au sang et l’Or parmi les ors
 
Vertigineux stentors ou velours de phalène
Mes sujets caressaient tous mes rêves et tous
Psalmodiaient dans l’aube irisant leur haleine
Des louanges et des suppliques  à genoux
 
Puis m’élevaient aussi d’intenses pyramides
Plus hautes de mille ans que la Tour de Babel
Et se mourraient d’un vin si fort et si splendide
Que Dieu le reconnut sanglant et le but tel
 
Ma Cour était femelle et toute vespérale
Versait dans un délire inouï ses transports
De folieuse chair  ô frangibles vestales
Qui surent me noyer aux sources de leur corps
 
Seigneur d’une Hippocrène où baigne nue la Gloire
J’avais ses chevaux fiers au vol de satin blanc
Couronnés mêmement d’un miracle d’Histoire
Et je tissais mes vers à leurs sabots filants
 
Moi qui rimais longtemps tes folles cantilènes
Exilé du Royaume où glissèrent mes pas
O mon Peuple rendu aux idoles d’ébène
Je suis Celui qui fut et qui n’existe pas .
 
Tout passe à ma fenêtre  et du siècle  et des hommes
Hors mon âme jeté  loins mes traits appendus
Mes souterraines nuits  mes lassitudes  somme
De chagrins confondus
 
Ailleurs cet autre même où se brise la glace
Jadis qui sut aimer  neuf à l’avoir décru
Or ma vie à la vie infiniment se lasse
Et tellement suis Seul et Nu .
 
Alain Auriat
1985 (23 ans)

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