La trogne

Je suis comme une trogne
Quand on me coupe un doigt
Je repousse en multiple
Et si vous me sciez
De l’herbe sous le pied
Je redonne des fleurs en troupe
J’ai des têtards sous mon écorce
Pleins d’une force vive
Des bourgeons de valeur
Sûre sans artifice
Et si ma trogne s’amochit
C’est pour faire des nids
Aux carabes aux oiseaux
Aux interdits
Aux messages aux bijoux
Qui se retrouvent un jour
Où ils devaient aller
Je suis racinaire du pied
Dans l’eau courante claire
J’abrite aussi
Les poissons christophores
Les tortues luths et les castors
Qui refont les demeures
Que l’orage a cassées
Je suis mère courage
J’enfante à perdre haleine
Au bout de chaque doigt
J’ai une main qui pousse
Une main à cinq doigts
 Ma trogne séculaire
S’allume à ventre ouvert
Et mon ventre tout rond
Conserve les moissons
Je suis une arche de Noël
Je suis un arbre de Noé
Je déluge je transfuge
J’ensile et j’enrichis
Coupez mes doigts
Et je repousse
A l’infini !
 
Marine
26 août 2019
9h30