Mon petit vieux,
Eh bien voilà, tu ne m’as
pas attendue et je suis restée à quai comme tous ces bateaux arraisonnés par un
virus étrange .
Par bonheur, j’ai gardé ton
cendrier, ton poudrier, que j’ai arrangé dans ton bureau comme un petit autel
ou une chapelle ardente puisque à chaque matin, quand le ruban de brume roule
sur la Vézère, je descends allumer ta veilleuse de cire rouge et je frappe
trois coups à la cloison pour te parler comme jadis .
Tu le sais puisque tu viens
me visiter la nuit dans ta toge de sage muettement debout auprès du lit, et moi
ensommeillée je te parle, te prie de venir près de moi puis tends la main qui
se perd dans ce nuage blanc, alors j’allume ma lampe et je vois ton absence
profonde envahir tout l’espace .
Alors je me lève pour voir
si quelque étoile va me faire un clin d’oeil .
Il pleut . J’embrasse ta
photo sur la porte et me recouche le mouchoir dans la main et les yeux qui découlent
.
Alors, si tu reviens, je
t’attacherai fort comme une poupée au cou du sentiment avec mes breloques de
vieille, mes émois et le peu de forces qui reste afin que tu restes encore un
peu .
Encore un peu reviens car
je n’ai rien gardé de ce qui t’appartient, on ne m’a pas rendu ta montre ou
autre chose.
Mais moi j’ai toujours ton
odeur et ta voix qui me dit : mais que se passe-t-il madame ? vous savez bien
pourtant que l’on vous aime .
Je regarde ta photo sur le
mur, tu es une joconde, such a jocund company, qui me suit du regard à chaque
pas dans mon espace .
Je sais que tu ne réponds
pas
Je ne sors pas, je reste,
je t’attends .
Ta femme .
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.