mardi 27 février 2024

les poupées

  Les Poupées

(à M. L.)

Moi j’ai chez moi plein de poupées ;
Baby Reborn, ou bouts d’tissus.
Cheveux en laine ou bien coupés,
Je pose souvent mon œil dessus

Avant aussi, j’étais poupée
Au cœur battant, aux yeux rieurs
Et puis un jour, on m’a tuée
Comme ça, soudain, à l’intérieur

Et j’ai grandi avec en moi
La poupée morte et puis sa voix
Qui me parlait, que j’écoutais

Alors je vais et je lui offre
D’autres poupées, gardant sous clé
Tout mon secret au fond d’un coffre

Aubépin des Ardrets

Le coffre for intérieur de marinette :

Dans mon coffre for intérieur
Ça se bagarre et s’entretue
J’ai peur j’ai froid je veux mourir
Trop de secrets entretenus
Dans une vie de cauchemar
Des enfants arrachés des cris
Je cherche encore la petite
Enfuie toujours enfuie de moi
Elle me juge elle me montre
Ce que j’aurais dû faire
Ensuite elle a allaité trois ans
Chacun de ses enfants
Elle est devenue folle
Elle les a traînés partout
Samuel dit à bob j’ai honte
Quand elle se donne dans la rue
En spectacle grotesque
Puis elle entre dans une secte
Et elle nourrit le gourou
Au lieu de nourrir les enfants
J’appelle le 119 elle veut me tuer
On veut les lui enlever bien sûr
C’est ma faute je suis honnie
Comme toujours
Elle vient crier dans ma rue

Le fils aussi qui nous insulte
Mon dieu qu’ai je fait
A 18 ans je lui dis stop
Elle m’appelle en catastrophe
Je raccroche et m’effondre
Et depuis je suis au fossé
Les autos ne s’arrêtent pas
Je ne suis qu’un chien abandonné
Qui hurle après ses petits
L’ardent supplice des blés verts
Je me traîne dans les décombres
D’une vie où toutes les nuits je crie je crie
Et personne ne vient je suis seule
Ils m’ont jetée ils m’ont tuée
Je suis la mère indigne
On me le fait payer
Ensuite j’ai eu un cancer
Le sein droit a parlé
Aujourd’hui la peau est tendue
sur le tambour de la carcasse
je suis cette femme noire soumise
magnifique épuisée
qui prend des larmes synthétiques
afin de pouvoir pleurer
les mouchoirs me suivent partout
tout le monde me juge mal
en poésie aussi sauf
un grand un immense enfant
que j’ai ramassé dans la rue
des poètes disparus
c’est lui qui m’a relevée
je gisais au fond du ruisseau
sale nue égorgée criant des mots
des mots de rue des mots de cru
des mots de ventre
des mots de centre
il a ramassé tous les mots
les a posés sur le bureau
et en a fait un cryptogramme
beau très beau très très beau
j’ai retrouvé un enfant beau
et je suis redevenue belle
je veux le voir
je veux qu’il voie
il saura tout
il comprendra
et il aura sauvé ma peau
avant que je m’en aille
porter le drap peau des entrailles
comme une vierge martyre
au calvaire des pauvres filles .

19h
13 dec 2020
Sans brouillon
Sans larmes
Sans rien

Marinette
__________
Interprétation lue par Marine Laurent

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