L’Apprenti .
Comme il ne semblait
guère incliner à l’étude,
Que, manifestement, d’un
intellect mineur,
Il ne présentait pas de
quelconque aptitude
On le mit apprenti d’un
alexandrineur .
Il eût pu tout autant
devenir chauffagiste,
Cordonnier ou maçon,
cuisinier, garagiste,
N’importe, il fallait
bien exercer un métier,
Et comme un prosodiste
oeuvrait dans le quartier...
De ce simple artisan,
paterne, débonnaire,
Il apprit, attentif, les
premiers rudiments :
Compter les pieds des
vers, choisir les mots rimants
Qui se trouvaient
inscrits dans un dictionnaire.*
Peu à peu, pas à pas, il
sut le B.A-BA
De la profession ;
Dira-t-on quel combat
Dut livrer sans répit sa
tête un peu niaise ?
Songez donc :
hiatus, e muet, diérèse !...
De la strophe il conçut
les cas particuliers :
Embrassée ou suivie, et
croisée ou mêlée .
La rime se devait d’être
bien ficelée,
L’ensemble présenter des
fagots réguliers .
Rompu classiquement aux
lois de l’hexamètre,
A l’âge de vingt ans, non
sans le rouge au front,
Il accepta les clefs que
lui céda son maître
Pour de cet atelier
devenir le patron .
Et moi, j’apprends de lui
ce qu’il apprit d’un autre,
De ce monsieur Boileau
dont il se fit l’apôtre,
Même s’il me surprend, le
sourcil ulcéré,
A griffonner parfois
quelque vers libéré .
29/6/19
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