Jeu de
voiles
Selon que la
légende antique te mailla,
Es-tu voile
d’Isis aux fabuleux mystères,
Es-tu voile
d’Ishtar ou leurre de Maya ?
Es-tu celui levé par la timide Aurore
Pour que le
firmament voie son deuil consommé,
Est-ce le
tien, vermeil, adorable Pandore
Ou bien,
sept fois pervers, ton voile, Salomé ?
N’est-il
aussi le vôtre, éthéré sur la toile,
Charites qui
dansez au Jardin embelli
Qu’un
éparpillement de mille fleurs étoile
Dans ce
« Printemps » que peint Sandro Botticelli ?
***
Ne vous
ravit - il pas, ornant vos Merveilleuses,
Muscadins
rescapés du sang de la Terreur,
Ne
dissimulant rien de gorges orgueilleuses,
Animé d’un
soupir ou battement de cœur ?
Romantiques
d’antan, de jadis, de naguère,
N’avez-vous
fantasmé son charme oriental
Sur le corps
de l’Almée ou de la bayadère,
Saisis
d’enchantement onirique et fatal ?
Insoucieux
Bourgeois durant la Belle Epoque,
N’as-tu
point pressenti- dès lors qu’il t’en fut l’heur ,
Le grand
chavirement à venir qu’il évoque
Sous l’envol
vaporeux de Duncan ou Fuller ?
Gloire de
mariée ou crêpe de la veuve,
Même
banalement tragique, nuptial,
Virginal
sacrement et symbole d’épreuve,
Toujours
exprime-t-il un Sens initial.
Qu’il soit
batiste ou bien percale, percaline,
Tulle,
gaze,organdi, tarlatane, linon,
Dentelle de
mantille, ou soie, ou mousseline,
Sa magie est
oubli de matière et de nom…
-Je
n’épiloguerai, telle n’est mon affaire,
Sur ce qui ,
dogmatique, a pesanteur d’un drap :
Religieusement
ici j’entends me taire,
Laissant
chacun penser tout ce qu’il en voudra .
***
Voilà !
C’est donc ainsi, solitaire en mes êtres,
Du Céleste
au commun rimant decrescendo
Que me vint
inspirer – pudeur de mes fenêtres,
Ce voile
familier qu’on appelle un Rideau .
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