Le désarroi
du pigeon
Perché
dessus ce toit d’ardoise,
Un pigeon de
là-haut me toise,
Dont le
plumage se confond
Avec le gris
de la maison.
Son air est
vif, son œil est rond,
Cependant sa
mine narquoise
Me
dit : - que fais-tu dans Pontoise,
Traînant de
l’aile sans raison ?
***
-C’est en
souvenir de Françoise,
Ou de la
charmante Lison,
De
Véronique, un peu matoise,
Pour les
yeux tendres de Suzon,
Pour Anne ou
Jeanne, si courtoise,
Et la tant
espiègle Manon,
C’est pour
Gervaise, assez grivoise,…
D’autres
dont j’ai perdu le nom,
Qu’oisivement
j’erre en Pontoise,
L’âme
pantelante et pantoise,
Battant le
pavé du talon –
Tel est mon
désarroi, pigeon .
***
Mortes
amours, vaine moisson !
Sous le ciel
gris qui se pavoise
De
tristesse, est à l’unisson
Mon cœur
aigri d’humeur sournoise…
Il n’est
pour moi plus d’horizon :
Nul regard
aimant ne me croise.
C’est
pourquoi mon chagrin profond
A l’envi
dérive et dégoise .
S’il faut
oublier tout de bon,
Ne me
suffit-il de ce pont
Me jeter et
noyer dans l’Oise,
Pigeon, pour
finir à Pontoise ?
***
-Tu peux
bien moquer ma chanson
Qui ne rime
qu’en « on », en « oise » !
J’en fais
complainte, ne t’en noise,
En me
ramentevant Villon-
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Ramentevant :
archaïsme pour remémorant.
8/11/18 AA
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