Comptine du
cimetière
Je suis la
fille du fossoyeur
Qui des
pendus et des noyés
Voit défiler
cette pâleur
Qu’offrent
les corps des suicidés
Cache les
mains, tourne les têtes,
Mets la
chemise, prends les mesures,
Encore deux
clous, un’ cigarette
Jamais la
mort n’a fière allure
Je suis la
fille du fossoyeur
Qui de ces
trous au cimetière
Voit tout
l’attrait et la terreur
Quand on les
bouche avec la terre
Hier encore
on a sonné
Deux fois le
glas pour cet enfant
Et sa maman
accidentés
Sur une
route du nouvel an
Je suis la
fille du fossoyeur
Qui quand
les gens ne sont pas là
Joue sur les
tombes pendant des heures
En
chantonnant des tralalas
Dans les
allées où les pas font
Crisser un
peu le gravier fin
J’entends le
pleur des processions
Et quelques
ri-res clandestins
Je suis la
fille du fossoyeur
Qui sait que
tout passe et s’en va
Alors je
cueille de jolies fleurs
Au pied des
stèles de marbre froid
Un jour
aussi je rejoindrai
Ceux qui
entrèrent sans ressortir
Et l’on
verra près d’un cyprès
Une autre
fille soudain pâlir
Je suis la
fille du fossoyeur
Tape des
mains, croise les doigts
Je suis ici,
toujours ailleurs
Mais qui
dira ce que je vois ?
Ada
10 fevrier
2020
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