dimanche 3 mars 2024

une trouvaille.

 


Une trouvaille .

 

Alors que je cherchais dans mon foutoir intime, quelque feuille léchée quand j’étais encor vive, je tombai, c’est le cas improbable mais sûr, où le sort vint à moi, dans une fureur indicible.

Dans une chemise rose, épaisse et ficelée, j’ouvris sans espérer la chose interdite, posée en haut du tas des médecines antiques .

Et je vis, écrit comme il se doit, un griffounis parfait disant 2023

Tiens, l’an dernier encor, j’avais écrit tout ça ! surprise et joie !

J’ouvris le feuilleté des rois . une masse de feuilles écrites à l’emplissure, tomba sur mes genoux, écrite à l’endroit, bien remplie

Sans fissure, oh seigneur, je me mis à folioter en crainte, le sol de mes empreintes, tout était mélangé, non vous ne m’aurez pas, vous qui m’avez jétée, j’écris divinement, encore mieux dans les évènements funestes qui surgirent car je suis sans tabou, comme les alzheimer, et pourquoi le serais-je ?

Il y avait de tout, depuis l’anniversaire jusqu’au bout de mes plats et le façonnement spontané de mes doigts au clavier musical qui chante en basse messe, ce que jamais vous n’avez lu car cela chante seul au fond de la conscience et du cœur.

Je ne recopiai pas, cela l’eût abîmé, un enfant aura-t-il le courage d’aimer ?

Ce que vous dénommez, jaloux écrivailleurs, mon style inaccessible, est une merveille, je l’ai lu sans savoir, surprise par moi-même de mes jeux linguistiques, survenus à l’instant, sans effort, sans recherche .

Qui sait en faire autant ? qui peut lire le reste sans se prendre pour Dieu ou un prof de grammaire ? ma grammaire est géniale, je l’aurai découvert en fouillant dans la malle qu’on a brûlé chez moi, au grenier de yolet, espèce de famille sans respect ni amour, pleine de jalousie et qui me tourne autour attendant que je crève.

Vous mourrez tous avant moi car moi j’ai le don de survivre à l’impossible horreur des scorpions du désert !

Je pleurerais, il y a tant de gens qui aimeraient me lire du fond de leur taverne où je déploie enfin mes talents de tortue au dos plein de petits qui veulent voir la mer !

Alain vient de mourir, c’est la terreur enfantine, je n’ai plus rien de lui, sauf un cœur plein d’amour et ses réactions vives au moindre des faux pas, ou ses éclats de rire quand il ne s’attend pas à de telles sorties oui entends-moi alain, entends la voix douce et craintive qui dit tout doucement les choses indicibles qui te faisaient pleurer, hurler et me prendre la main.

Je sais que tu es là, à m’écouter écrire, car tu as comme moi, la musique du livre, qui respire en chantant au son de mon profond .

La poésie, faites-moi rire, tous les jours, j’en entends des raccourcis nullards, sortis de bouches odieuses, qui ne savent pas lire !

Je t’envoie, mon ami, l’ensemble de ce livre, où tu seras surpris, ne relis pas souvent, garde au fond du grenier ou bien dans le bureau que l’on t’a préparé, lorsque la nuit furtive, te fait sortir du drap et voir tout ce qui est dit dans ce bureau caché où s’écroula le lit que ton père avait fait. J’ai vu ton père heureux sur la photo d’enfance

Quel homme magnifique !

Tu verras dans la chemise rose des trésors d’écritures, de sentiments, de choses, des souvenirs cachés que j’aurais oublié moi la folle écrivante qui cherche sans arrêt un stylo à la main, un papier, quelque part où laisser, la désireuse en manque .

Et voilà que soudain dégringole du mur la liasse de billets pleine d’amour, de haine, de mort , et d’espérance ! alain reviens me voir la nuit quand mes yeux affolés cherchent dans la pénombre un être à qui parler, contre qui me blottir ; car ma fièvre est gelée .

Je n’ai plus rien à dire, je ne peux recopier ces choses intensives que j’écrivis l’année où tu disparus de chez moi sans que je te revoie et où de ma gorge sortit le hurlement d’effroi d’une bête captive quand ta sœur m’annonça, avec trop de prélimes, que tu n’étais plus là !

La terre s’effondra dans mon ventre perdu, c’était de l’inconnu, de l’impossible affaire, la torture du ciel qui me punissait encore, mais de quoi ?

Alors recommença un semblant de vivage, fermée à triple cage, dans le château prison où je reste malgré tout ce que je tentai pour sortir de moi-même, je ne peux pas, je suis la dernière à savoir, à connaître, à pouvoir dire enfin aux fenêtres, ce que tu es toujours pour moi et pour l’entour !

Voilà, mon cher amour, tu me laisses au rivage, où nul ne vient me voir, ne me lit , ne m’écoute, où j’entends les relents autour de mon claustra, dire ceci cela, alors qu’ils ne savent ni aimer, ni lire, ni écrire, ni dire ou consoler .

Je te laisse ici, amour , je n’ai plus le gâteau du dimanche, la poésie, la peinture, le silence et ta douleur intense que je savais, moi la pauvre indigente.

Je t’aimerai toujours, même après .

Marine .

3 mars 2024


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