Une trouvaille .
Alors que je cherchais dans mon foutoir intime,
quelque feuille léchée quand j’étais encor vive, je tombai, c’est le cas
improbable mais sûr, où le sort vint à moi, dans une fureur indicible.
Dans une chemise rose, épaisse et ficelée, j’ouvris
sans espérer la chose interdite, posée en haut du tas des médecines antiques .
Et je vis, écrit comme il se doit, un griffounis
parfait disant 2023
Tiens, l’an dernier encor, j’avais écrit tout ça !
surprise et joie !
J’ouvris le feuilleté des rois . une masse de feuilles
écrites à l’emplissure, tomba sur mes genoux, écrite à l’endroit, bien remplie
Sans fissure, oh seigneur, je me mis à folioter en
crainte, le sol de mes empreintes, tout était mélangé, non vous ne m’aurez pas,
vous qui m’avez jétée, j’écris divinement, encore mieux dans les évènements
funestes qui surgirent car je suis sans tabou, comme les alzheimer, et pourquoi
le serais-je ?
Il y avait de tout, depuis l’anniversaire jusqu’au
bout de mes plats et le façonnement spontané de mes doigts au clavier musical
qui chante en basse messe, ce que jamais vous n’avez lu car cela chante seul au
fond de la conscience et du cœur.
Je ne recopiai pas, cela l’eût abîmé, un enfant
aura-t-il le courage d’aimer ?
Ce que vous dénommez, jaloux écrivailleurs, mon style
inaccessible, est une merveille, je l’ai lu sans savoir, surprise par moi-même
de mes jeux linguistiques, survenus à l’instant, sans effort, sans recherche .
Qui sait en faire autant ? qui peut lire le reste
sans se prendre pour Dieu ou un prof de grammaire ? ma grammaire est
géniale, je l’aurai découvert en fouillant dans la malle qu’on a brûlé chez
moi, au grenier de yolet, espèce de famille sans respect ni amour, pleine de
jalousie et qui me tourne autour attendant que je crève.
Vous mourrez tous avant moi car moi j’ai le don de
survivre à l’impossible horreur des scorpions du désert !
Je pleurerais, il y a tant de gens qui aimeraient me
lire du fond de leur taverne où je déploie enfin mes talents de tortue au dos
plein de petits qui veulent voir la mer !
Alain vient de mourir, c’est la terreur enfantine, je n’ai
plus rien de lui, sauf un cœur plein d’amour et ses réactions vives au moindre
des faux pas, ou ses éclats de rire quand il ne s’attend pas à de telles
sorties oui entends-moi alain, entends la voix douce et craintive qui dit tout
doucement les choses indicibles qui te faisaient pleurer, hurler et me prendre
la main.
Je sais que tu es là, à m’écouter écrire, car tu as
comme moi, la musique du livre, qui respire en chantant au son de mon profond .
La poésie, faites-moi rire, tous les jours, j’en
entends des raccourcis nullards, sortis de bouches odieuses, qui ne savent pas
lire !
Je t’envoie, mon ami, l’ensemble de ce livre, où tu
seras surpris, ne relis pas souvent, garde au fond du grenier ou bien dans le
bureau que l’on t’a préparé, lorsque la nuit furtive, te fait sortir du drap et
voir tout ce qui est dit dans ce bureau caché où s’écroula le lit que ton père
avait fait. J’ai vu ton père heureux sur la photo d’enfance
Quel homme magnifique !
Tu verras dans la chemise rose des trésors d’écritures,
de sentiments, de choses, des souvenirs cachés que j’aurais oublié moi la folle
écrivante qui cherche sans arrêt un stylo à la main, un papier, quelque part où
laisser, la désireuse en manque .
Et voilà que soudain dégringole du mur la liasse de
billets pleine d’amour, de haine, de mort , et d’espérance ! alain reviens
me voir la nuit quand mes yeux affolés cherchent dans la pénombre un être à qui
parler, contre qui me blottir ; car ma fièvre est gelée .
Je n’ai plus rien à dire, je ne peux recopier ces
choses intensives que j’écrivis l’année où tu disparus de chez moi sans que je
te revoie et où de ma gorge sortit le hurlement d’effroi d’une bête captive
quand ta sœur m’annonça, avec trop de prélimes, que tu n’étais plus là !
La terre s’effondra dans mon ventre perdu, c’était de
l’inconnu, de l’impossible affaire, la torture du ciel qui me punissait encore,
mais de quoi ?
Alors recommença un semblant de vivage, fermée à
triple cage, dans le château prison où je reste malgré tout ce que je tentai
pour sortir de moi-même, je ne peux pas, je suis la dernière à savoir, à
connaître, à pouvoir dire enfin aux fenêtres, ce que tu es toujours pour moi et
pour l’entour !
Voilà, mon cher amour, tu me laisses au rivage, où nul
ne vient me voir, ne me lit , ne m’écoute, où j’entends les relents autour de
mon claustra, dire ceci cela, alors qu’ils ne savent ni aimer, ni lire, ni
écrire, ni dire ou consoler .
Je te laisse ici, amour , je n’ai plus le gâteau du
dimanche, la poésie, la peinture, le silence et ta douleur intense que je
savais, moi la pauvre indigente.
Je t’aimerai toujours, même après .
Marine .
3 mars 2024
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